Aie confiance….

« Les soins d’une mère pour son enfant sont le fruit de l’expérience de toute sa vie. » François-René de Chateaubriand

Victoria continue son chemin de maman et prend son rôle très à cœur. Etre mère est un rôle au quotidien. Mais pour cette trentenaire « qui doit montrer l’exemple », c’est le job de sa vie. On ne rigole pas avec l’exemplarité.

Je suis l’aînée de la famille, de mes frères et sœur mais aussi de tous mes cousins et cousines maternels. Et nous sommes nombreux. J Je suis la première, je suis une fille, celle qui doit montrer l’exemple.

Depuis toujours, à l’école, au lycée, en école de commerce, aujourd’hui, dans ma vie professionnelle, dans ma vie privée, je suis à l’identique voire pire. Je ne plaisante pas avec ce sujet. Je dois être parfaite pour être un modèle.

En tant que manager, je me dois d’être à la hauteur. Comment peut-on demander aux autres d’être professionnels si nous ne le sommes pas nous même. Comment leur demander de respecter les horaires lorsque nous même n’avons pas de discipline. Comment exiger le sourire de vos équipes, si vous faites la tête toute la journée.

Vous l’avez compris je suis exigeante avec moi-même et j’attends beaucoup des autres.

Pourtant, étrangement, si je suis, depuis toujours, très indulgente et bienveillante vis-à-vis de mon  entourage, je ne l’ai jamais été vis-à-vis de moi-même.

Sans que je m’en rende compte Emma allait mettre en lumière cette « pression ». Comment allais-je faire pour être une mère parfaite ? Je devais montrer l’exemple à ma fille, je n’avais pas le droit à l’erreur.

Mais qu’allais-je mettre derrière cette perfection ? Quel exemple devais-je être pour elle ?

Je continuais mes séances avec la psy de la PMI. Nos discussions tournaient autour de la maternité et autour de mes angoisses d’être mère.

Qu’est-ce que je mettais derrière ce mot : mère ?

Je vous entends glousser, Mesdames et Messieurs. « Elle est vraiment perturbée cette petite ! Elle ne peut pas se laisser vivre tout simplement ? »

Oui, je pourrais mais je ne sais pas faire. Et figurez-vous que je ne suis pas la seule! Lorsque je l’ai découvert je me suis sentie moins seule. En revanche, comme ce ne sont pas des sujets faciles, et que l’on peut vite passer pour des allumés, c’est souvent au détour d’une conversation anodine que j’ai identifié mes « homologues ». J Dans ces moment-là, égoïstement j’ai envie de danser, telle Monica Geller dans «Friends » pour ceux qui connaissent.. (Ceux qui  ne connaissent pas…..vous ne savez pas ce que vous ratez ! La meilleure série de tous les temps ! Non je n’exagère pas je vous assure !)

Bon, alors quelques définitions pour nous tous et toutes, car figurez-vous que cette folie touche autant les hommes que les femmes J

Le Larousse nous donne la définition suivante pour le terme Mère : Femme qui a mis au monde ou qui a adopté un ou plusieurs enfants.

C’est léger non ? Que voulez-vous faire avec ces infos ? On continue ?

Perfection : État de quelqu’un, de quelque chose qui est parfait en son genre
Parfait : Qui est ce qu’il est de façon absolue, sans la moindre restriction

Donc si nous reprenons tous ces éléments, une mère parfaite serait  « une femme qui a mis au monde ou a adopté un ou plusieurs enfants et qui est parfaite en son genre. En l’occurrence est une mère de façon absolue et sans la moindre restriction. »

Pas mal aussi dans le genre « pression » non ?

Je suis sur ce cheminement. La psy m’a rappelé une évidence: mon individualité, je ne suis pas ma mère.

Je ne veux pas être ma mère. Je  « ne voulais pas être aspirée dans ce fol amour qui allait me faire perdre la tête. »

Je veux être parfaite car je vais être le modèle de mon bébé. Il va aussi falloir la protéger et lui donner les outils pour affronter notre monde.

Et au fond, si être parfaite c’est l’allaiter, lui changer sa couche, la moucher, lui trouver une nounou,  etc…. ça devrait aller. Oui tout ceci s’apprend et puis je vous le rappelle j’avais quand même fait un « stage » d’un mois à l’hôpital en service néonatologie. Mais alors pourquoi j’avais peur comme ça ?

Ah ben oui j’avais peur qu’il lui arrive quelque chose et autant l’écrire noir sur blanc : j’avais peur qu’elle meure. Oui forcément qui dit la vie, dit la mort!  Tant qu’à faire, tant que j’étais dans mes délires autant que j’aille jusqu’au bout. Et là c’était du lourd, du très lourd. Tout était dangereux, le bain, la nourriture (sous toutes ces formes de l’allaitement à la diversification), les premiers pas.

Elle a mangé de la purée longtemps ma poupette. 🙂

Encore aujourd’hui, lorsque je repense à cette période,  je me dis que reprendre le travail après le congé maternité a été une bonne chose. Ma fille a pu apprendre à marcher et manger sereinement. Je serai restée avec elle au quotidien, pas sûr qu’elle marche à 7 ans J

On récapitule. J’avais peur de ne pas savoir comment m’y prendre et j’avais peur qu’il lui arrive quelque chose.

Pour le premier sujet, avec la pratique ça allait le faire, je m’améliorais tous les jours. J’étais comme toutes les mamans du monde. Pourtant un soir, où j’acceptais de m’éloigner quelques heures d’Emma, mon amie Nathalie vint me chercher pour aller dîner. Elle m’observait m’agiter avant de sortir. La petite devait avoir plus de deux mois. A chaque mouvement, je demandais l’avis de ma mère,  de mon cher et tendre ou même de Nathalie. Je vous rappelle que je passais les ¾ de mon temps seule avec ma fille. C’était à se demander comment je faisais.

Mon amie, mère de 3 enfants à l’époque, me le rappelait et me dit : « tu dois te faire confiance. Aie confiance en ton  instinct maternel. Tu ne peux pas passer ton temps à chercher la caution de ceux qui t’entourent. C’est ta fille, tu la ressens, tu la connais. » Elle avait tellement raison. Encore une de ces phrases qui allaient me sauver de ma folie.

C’est un conseil que je continue de transmettre aux jeunes mamans. Il m’est encore utile et le sera pour toujours.

Pour la seconde partie, je vais être honnête ça ne s’est pas fait en deux minutes. J’ai dû , tout d’abord, admettre que je n’avais pas de super pouvoirs. Puis ensuite que je n’avais pas la maitrise de vie et de mort. Quelle déception ! Moi qui me croyais toute puissante! J’ai fait le dur constat que je faisais partie du commun des mortels J

Résultat, vivre l’instant présent et l’apprécier devint une urgence.

Devenir un modèle de mère parfaite passait par « me soigner ». Certes ce mot est fort. Pourtant à ce moment-là c’est ainsi que je le percevais. Je ne savais pas encore j’allais aussi devoir me montrer indulgente avec moi même.

La seule chose qui m’importait: ma fille ne devait pas récupérer, ni subir toutes mes névroses. Je ne voulais pas lui transmettre mes angoisses. Ces « casseroles », que je portais en moi, étaient mon héritage familial, maternel et paternel, culturel et « expérientiel ». J’avais le choix. Soit je gardais mes bagages et les remettais en l’état à mes enfants. Soit je les ouvrais, je faisais le tri, les passais à la machine à laver. Et après le repassage, ils prendraient ce qu’ils voudraient. En gros je voulais qu’ils aient du linge propre 😀.

Alex et moi pourrions alors offrir notre propre héritage à notre progéniture.

5 ans plus tôt, j’avais choisi ce chemin de vie pour être libre. Dans la maternité, ma liberté continuerait en choisissant ce que je voulais laisser au monde, à mon monde: à ma fille.

J’allais donc faire le ménage.

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