Quand Dark Vador nourrit mon côté sombre…

Un vieil homme veut apprendre à son petit-fils ce qu’est la vie.

« En chacun de nous, il y a un combat intérieur » dit-il au jeune garçon. « C’est un combat jusqu’à la mort et il se tient entre deux loups. »

« Le premier est ténébreux. Il est la colère, l’envie, le chagrin, le regret, l’avidité, l’arrogance, l’apitoiement sur soi-même, la culpabilité, le ressentiment, l’infériorité, la supériorité, les mensonges, la fausse fierté et l’égo. »

« Le second est lumineux. Il est la joie, la paix, l’amour, l’espoir, la sérénité, l’humilité, la gentillesse, la bienveillance, l’empathie, la générosité, la vérité, la compassion et la foi. »

Le petit-fils réfléchit pendant un long moment. Puis, il demande à son grand-père : « Quel est le loup qui gagne ? »

Le vieil homme sourit et lui répond : « Celui que tu nourris. »

Conte traditionnel Cherokee

Paris, avril 2010, Victoria rentre dans les locaux de cette petite école parisienne au 3ème étage d’un immeuble des années 70. Elle est accueillie chaleureusement par ses étudiants et ses collaborateurs. Dans la matinée, les enseignants défilent dans son bureau pour la saluer et la féliciter.

Il est temps de se remettre à l’ouvrage et avec cœur svp. Ben voyons…

J’imagine qu’après un congé parental c’est possible. En effet, passer des semaines et des mois à jouer à la poupée, changer des couches et avoir pour seule occupation votre pitchoune, il est fort possible que vous ayez  envie de retrouver un monde d’adultes. Attention nous sommes tous et toutes différentes donc il s’agit de mon point de vue et des témoignages de femmes qui m’entourent.

Mais après seulement 3 ou 4 mois c’est trop juste. J’étais encore dans un schéma de « pas fini » avec ma fille. Et comme je vous le disais dans mon dernier article « Bref, j’ai les chocottes mes chéris ».

Nous sommes donc d’accord : chaque profil est différent, chaque personne réagit différemment.

J’arrivais donc au bureau et faisais rapidement le constat suivant : je n’avais pas été remplacé, mon patron (N+1) avait pris le relais et…………NOUS NE FONCTIONNIONS PAS DE LA MÊME MANIÈRE.

J’étais partie du jour au lendemain et même si enceinte je n’étais pas « facile » voire un peu tendue, j’avais toujours pris soin de mes équipes. Enfin c’est ce que mes collègues m’ont avoué à mon retour. Personnellement je me suis trouvée très cool, même enceinte. Bon, ok je suis un peu de mauvaise foi. A ma décharge, je vous rappelle que j’étais paniquée. 8 ans pour tomber enceinte, autant vous dire que c’était comme si je me baladais avec une marmite d’eau bouillante remplie à ras bord sur un fil à 10 mètres du sol.

Avant mon départ, nous collaborions « correctement » avec mon manager. Nous arrivions à communiquer, seul hic il n’était pas du métier et n’allait jamais sur le terrain. Mais il faut bien des patrons non ?

Je revenais angoissée et je récupérais une équipe épuisée et stressée. Il avait choisi de rester à distance, soit à l’extérieur des locaux. Loin des enseignants, loin des étudiants, loin du quotidien, il « fouettait » l’équipe depuis son bureau, au téléphone et par mail.

Vous le constatez : je juge. Je juge son travail, je ne prends pas de recul et, si vous lisez entre les lignes, je suis en colère.

Dois-je vous redire à quel point j’ai peur ? Mais peur de quoi me direz-vous ? De tellement de choses et en même temps de rien puisque je ne vais pas laisser ce gars me manquer de respect.

Je n’ai pas encore revu mon patron que je suis déjà en mode combat ? C’est surprenant non ? Je dois toutefois vous raconter une anecdote. Quelques semaines avant ma reprise, j’avais pris rendez-vous avec mon boss. Encore et toujours, dans mon rôle de la première de la classe, j’avais fait la démarche, avais fait garder Emma et m’étais rendue à son bureau.

Lors de cette entrevue, ce quadra m’avait donc expliqué comment il avait piloté l’équipe à distance avec brio. Il conclut donc en m’indiquant que mon management n’était pas adéquat. L’égo bafoué, mélangé à la peur et la culpabilité, j’étais rentrée chez moi dans une colère noire. Anéantie par un sentiment d’injustice, je m’apitoyais sur mon sort. Petite fille fragile que j’étais ! Me faire ça à moi ? Remettre en question tout mon travail ? Moi qui avait triplé les effectifs en 2 mois à mon arrivée pour « sauver » l’école, moi qui avait porté à bras le corps cette équipe. Moi, moi, moi !!! Quelle bande d’ingrats! Ah l’égo! Notre pire ennemi! Encore faut-il l’identifier! Et là, je ne le savais pas encore mais il me menait par le bout du nez.

Personne ne naît manager mais certains ont des facilités …… ou pas. La base étant la relation à l’autre, je pense, à tort peut-être, qu’en s’intéressant à ses collaborateurs un manager les rend plus performant. Bien entendu « s’intéresser » ne signifie pas « connaître » la vie privée détaillée de ses collègues. (Nous y reviendrons).

Si ce gars, que nous appellerons Monsieur C., avait eu un minimum d’empathie et à mon sens d’intelligence humaine, il m’aurait évité de reprendre mon travail en étant déstabilisée, en colère et sur la défensive.

Vous l’avez donc compris : c’est lui mon Dark Vador. Il avait réussi à réveiller en moi mes mauvais côtés avant même que je ne revienne dans la place. Il avait touché mon égo. Il nourrissait ma peur, ma colère, ma rage, mon côté sombre. En bref mon mauvais loup….

Avant que je continue, il est important que je souligne que sur le moment j’étais incapable d’analyser la situation telle que je vous la présente aujourd’hui. Lorsque nous sommes dans ce type de situation, nous sommes collés au mur, incapables de nous dépêtrer dans ce raz de marée d’émotions et de sentiments négatifs.

Je restais donc bloquée sur son constat de « management inadéquat ». Je ruminais, je me braquais et attendais un peu de reconnaissance. J’avais bossé comme une damnée pendant 3 ans pour cette école, il était là depuis un an et se permettait de me traiter comme une incompétente. Impossible de lister mes réussites, je n’arrivais plus à réfléchir, « il avait compris que je n’étais pas compétente ».  J’étais découverte!

Savez-vous comment s’appelle cette maladie ? « Le syndrome de l’imposteur » ! A mon avis il touche souvent les premiers de la classe. J

Je perdais pied et avec eux (mes pieds) le peu de confiance qui me restait.

Voilà pourquoi j’écris aujourd’hui ! Témoigner et partager avec vous mes expériences ! J’ai appris, j’ai grandi grâce à toutes ces rencontres. A votre disposition pour échanger si le cœur vous en dit, en attendant la suite bien entendu.

Share This:

Laisser un commentaire