« La sagesse, qui ne mène pas au bonheur, est une folie mélancolique sans marotte ni grelots. »
Citation de Edward Young ; Les nuits (1742)
« Victoria est une fille sage, elle ne sait pas faire autrement. »
Alors ça, pour être sage, je suis sage il n’y a pas de doute! Mais que veut dire « être sage »?
« Est sage, celui qui se comporte avec calme, docilité » mais c’est aussi « celui qui est prudent, réfléchi, qui est conforme à la mesure, au bon sens » selon le Larousse.
C’est tout moi ça et c’est une étiquette qui me colle à la peau. « Victoria est très sage, on ne l’entend pas » pour les parents, la famille, les adultes en bref. En revanche pour les copains et les copines, « Victoria a toujours les mots justes, elle est de bon conseil. »
C’est ainsi qu’à 15 ans mon surnom était « la voix de la sagesse » quand d’autres sont « Ptite puce », « Beauté », « Bambino » ou simplement « Mich » pour Michel, « Manu » pour Emmanuel etc
Pas glamour le surnom! Adolescente vous avez plutôt envie d’être identifiée pour vos beaux yeux, votre look, votre humour mais pas votre bon sens. Dont tout le monde se contrefout à cet âge-là. Ben oui ça ne sert à rien d’avoir les bons mots. Vous l’aurez compris, je n’étais pas parmi les stars du lycée.
En revanche, j’étais celle à qui l’on venait raconter tous ses secrets. J’étais l’oreille attentive de toutes mes copines et j’aimais ça. Ces mêmes copines, qui, un jour, assises dans ma chambre me collèrent l’étiquette de la « voix de la sagesse ». J’avais une raison d’être et me sentais utile.
Mais qu’est-ce que j’allais bien pouvoir faire de ce surnom ? Ce dernier vous donne une existence dans un contexte précis, au cœur de votre entourage.
Lorsque j’arrive à Paris et que je débute ma vie d’étudiante. Je suis seule, je ne connais personne. Je suis là avec mes clichés sur les français, les parisiens qui plus est. Tous ces gens sont potentiellement un danger pour moi. On va me voler, m’agresser, se moquer de moi, essayer de me piéger.
Oui je vous l’ai déjà dit j’ai été couvée, protégée et conditionnée. Conditionnée à quoi me direz-vous ? Eh bien je suis une fille, donc une petite chose fragile, je suis une proie. Une proie pour tous ces prédateurs que sont les hommes « qui ne pensent qu’à une chose ». Il faut se méfier de tout et de tout le monde. Imaginez la terreur dans laquelle je vis. En me relisant, je me dis que j’étais quand même mal barrée.
A ça rajoutons que je ne sais pas très bien quelles sont les raisons pour lesquelles on pourrait m’aimer. Je ne suis pas jolie, je ne suis pas rigolote, je ne suis pas brillante. Comment vais-je faire pour me faire de nouveaux ami(e)s ? Comment vont-ils savoir que je peux les aider ? Comment vont-ils se rendre compte que je suis douée pour les écouter, les comprendre, les conseiller ?
Un mois que je suis en cours, j’ai une copine forte en gueule derrière qui je me cache. Assez pratique, je passe toutefois pour le petit « toutou » de Mme « je bois des bières à 9h du matin ». Oui vous lisez bien, une autre dimension pour moi qui ne buvait même pas de café. Lorsqu’on allait au bar du coin à la sortie des cours, elle prenait un café et…une bière et moi, un chocolat chaud….J’avais toujours le droit à une réflexion bien moqueuse.
Un soir, un camarade de classe m’appelle à mon domicile (j’habitais chez une famille) et me propose d’aller boire un verre avec un autre copain de notre promotion. Sympa non ? Ma réponse fut : « pourquoi moi ? » Non mais franchement, il faut être complétement à la ramasse pour réagir comme ça. Mais comme d’habitude, je prenais mon courage à deux mains, écoutais mon instinct et y allais.
Ô miracle je passais une excellente soirée.
L’objectif de ce blog n’étant pas de vous raconter ma vie en détail, je ne vous décrirai pas en long et en large mes années école de commerce. Retenons toutefois les expressions et les idées clés de cet article : la voix de la sagesse, la peur, la méfiance, le courage. Ils sont cachés sous mon mal être, ils grondent et me mènent vers ma quête.