Etre Maman, au secours !

Etre Maman, au secours !

« Quand tu as accouché tu as le baby  blues….Johnny, il a le blues! Toi, tu as une dépression post-partum. » Florence Foresti

Victoria et Alex ont « accueilli » dans leur vie leur petite princesse, arrivée avec deux mois d’avance. Les premières semaines sont rythmées par les allers et retours à l’hôpital. Victoria est empêtrée dans ses émotions.

Comme je vous l’ai déjà dit, rencontrer ma fille fut un raz de marée d’émotions. Toutes les deux, dans un peau à peau quotidien, en osmose dans notre bulle, nous faisions connaissance. Quelques jours après l’accouchement, je me mis à pleurer. Il paraît  que c’est normal. Le médecin me dit : « à J+2 (soit 2 jours après l’accouchement), le taux d’hormones  chute ce qui explique que toutes les mamans sont envahies par les larmes. » C’est cool, je rentre dans la case du J+2. Même dans ces moments là, je suis la première de la classe J Il a juste oublié de me dire que ce ne serait pas quelques « larmichettes » mais bien un torrent d’eau qui sortirait de mes yeux.

Impossible de gérer, parce qu’aux larmes se sont rajoutées la peur et l’angoisse. Vous l’avez compris, chez moi, c’est le trio gagnant : angoisse, peur et larmes. Et là, c’est  le jackpot, elles sont bien installées et tournent en boucle dans mon corps et dans ma tête.

Entourée de médecins, d’infirmières, j’ai le tournis. Je vis à leur rythme dans la chambre d’hôpital de mon bébé. Je suis là sans être là. Je suis en permanence en blouse, avec un masque. Chaque fois que je la prends, je me lave les mains avec le gel hydroalcoolique. Ça devient obsessionnel.

J’ai peur que tout s’arrête. Les médecins ne cessent de me rassurer, de s’occuper de ma fille. Une naissance est déjà un grand changement dans la vie d’une maman, me disent-ils, mais une naissance prématurée est encore plus « violente ». Tu m’étonnes ! Dire qu’on ne m’avait pas prévenu.

Elle est toute petite, elle a l’air si fragile.

Il faut dire aussi que pour « la traumatisée de la vie » que je suis c’est plutôt chaotique. Dans les heures qui ont suivi sa naissance, les médecins lui ont rasé la tête pour mettre une perfusion car les veines de ses mains étaient trop petites. Elle fut ensuite installée sous une lumière bleue à cause de la jaunisse. Autant vous dire qu’on se croyait chez les martiens. C’était assez étrange de rentrer dans la chambre de la petite et la voir dans sa couveuse avec des « lunettes de soleil » sous une lumière bleue, avec pour tout vêtement une couche.

Mais on s’habitue. Je vous rappelle que nous étions très seuls tous les 3. Personne ne pouvait entrer dans le service de néonatologie donc pas de visite. Du coup, difficile de se faire des blagues, dans ces contextes vous tournez beaucoup en boucle. Personnellement, j’avais du mal à faire preuve de légèreté.

Au bout de 4 jours, je rentrais à la maison, sans ma puce.  Quelle angoisse ! Je rentrais en larmes. Furieux, mon mari me rappela à l’ordre avec son calme habituel mais avec des mots bien choisis.

Mon gentil amoureux, qui me ménageait toujours, qui me protégeait, qui me chouchoutait ! Le voilà qui me criait dessus ! Bon, relativisons, il n’a pas trop la voix qui porte. M’enfin quand même, il me dit sèchement : « on vit le plus grand bonheur du monde et toi tu pleures !! Tu ne sais pas être heureuse ! » ET VLAN !

Quoi ? Comment pouvait-il me parler comme ça ? Moi qui souffrais? Moi qui avais peur ? Moi qui n’avais pas réussi à garder mon bébé jusqu’au bout dans mon ventre ? Moi qui ne savais pas quoi faire pour être une bonne maman ? Comment osait-il cet Homme qui ne comprenait rien aux problèmes de femme ? Je lui en voulais beaucoup, quel culot !

Si pendant 24h j’eus envie de l’étriper. Ma lucidité, au milieu de ce débordement hormonal, remonta à la surface et je me calmais. Il avait raison, tout allait bien et les médecins étaient rassurants. Il fallait vraiment que j’arrête de me regarder le nombril et de voir tout en noir.

Elle avait un poids correct, voire bon pour une prématurée, elle était sous surveillance permanente. Notre petite fille était née, elle était magnifique, douce comme un nuage et sage comme une image. (Ben quoi c’est ma fille, je suis très objective je vous assure).

Évidemment c’est toujours plus facile à dire qu’à intégrer mais je me gérais du mieux que je pouvais.

Je commençais donc à me calmer. On nous annonça que notre fille n’avait pas besoin d’être dans un service de niveau 3. Nous devions donc changer d’hôpital. Elle continuerait à être en couveuse mais il fallait laisser la place pour des cas plus grave.

Au secours, encore un changement ? Je ne veux pas quitter cet endroit. Rien à cirer des cas plus graves ! Rebelote les « sanglots », la peur et l’angoisse. Je me suis toutefois de nouveau détachée de mon nombril car il ne fallait pas pousser. Je voyais bien dans les chambres à côté ce que pouvait être des cas plus graves. Et puis de toute façon, je n’avais pas le choix.

Je vais vous passer les détails parce que nos aventures durèrent 5 semaines avant que notre princesse d’amour ne rentre à la maison. C’était un 24 décembre. Joli cadeau de Noel, non ?

Oui ce fut 5 longues semaines. Mais aujourd’hui, bien que je sois convaincue qu’en vieillissant  nous avons moins de certitudes, j’en ai encore quelques  unes dont les suivantes :

  • Il y a toujours un mal pour un bien
  • Rien n’arrive pour rien. A nous de savoir tirer les leçons qui s’imposent et profiter des rencontres que nous faisons.

C’est pourquoi j’ai envie de vous dire, qu’avant toute chose, ce fut 5 semaines de rencontres avec des personnes extraordinaires. Patientes, généreuses, elles m’accompagnaient et me rassuraient au quotidien. Elles ne savent pas à quel point leurs paroles résonnent encore parfois dans ma vie.

En restant toutes ces journées avec elles, j’ai appris à m’occuper de ma fille. La baigner, la sécher, la moucher, la changer, j’étais parée lorsque je rentrais à la maison.

Mais aussi à prendre du recul, ils me mirent dehors plus d’une fois afin que j’aille me reposer, respirer, passer du temps avec mon mari.

Je vous l’ai dit, nous passions des heures et des heures à faire du peau à peau. J’étais seule avec elle, interrompues uniquement par ces professionnels de la santé et du bien-être.

Alex travaillait. Ma mère s’occupait de mon père qui était en convalescence.

Et les autres ? Ils avaient leur vie ! Leur travail, leurs enfants, leurs soucis. Personne ne pouvait accéder à la chambre de la petite. Si on ne peut pas voir le bébé, finalement quelle importance les parents, non ? Je vous rassure, il n’y a aucune amertume dans mes propos. Mais je crois qu’il est important de souligner la solitude des parents d’enfants prématurés. Surtout à Paris bien-sûr où les gens sont absorbés par le rythme infernal de leur vie et stoppé dans leur élan par les distances et les embouteillages.

Pour revenir à ma poupée et à ces 5 semaines d’hôpital, je lui racontais notre vie : la rencontre avec son papa, la demande en mariage. Je lui parlais de notre famille et lui chantais des chansons. Bref j’étais dans ma bulle, en sécurité avec tout le corps médical qui répondait à mes questions.

Le soir, je rentrais chez moi le cœur gros car je n’avais pas le droit de dormir sur place. Mais ne nous leurrons pas, c’est ce qui m’a permis de me « reposer » au moins la nuit. Oui je rentrais à 22h et appelais l’hôpital vers 2h du matin. Non je ne dormais pas d’un sommeil serein. Mais je pouvais dormir 6h consécutives ce qui est un luxe pour une jeune maman.

Mais lorsque l’on nous annonça que nous allions rentrer à la maison, même le papa faisait moins le malin. Héhéhé. Nous allions nous retrouver tous les trois et pas de machines pour surveiller, pas d’infirmière pour nous conseiller.

Premier enfant, première folie ! Alex commandait sur internet des litres de gel hydroalcoolique et des masques. Hors de question que qui que ce soit touche notre joyau sans s’être nettoyé de la tête aux pieds et qui plus est masqué J Je vous ai dit que nous étions dingues de notre fille non ?

Tellement angoissés de rentrer à la maison, et de la transporter en voiture, nous avons roulé à 10 à l’heure jusque chez nous. Heureusement nous étions à 3Km. Je vous laisse toutefois calculer le temps que nous avons mis pour arriver.

Au secours je suis maman !! Au secours, vais-je être comme ma mère ?

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Le courage de ses peurs

Le courage de ses peurs

« J’ai appris que le courage n’est pas l’absence de peur, mais la capacité de la vaincre. » Nelson Mandela

Nous sommes en 2004, Victoria décide de poursuivre sa thérapie avec le Dr Rocat. Elle enchaîne les rendez-vous et chaque  séance apporte son lot de remises en question. Lentement elle fait son chemin.

Je suis assidue et sérieuse mais ça vous l’aviez compris n’est-ce pas ? Je suis « La voix de la sagesse » ce qui implique que j’ai le syndrome de la première de la classe. Je veux être parfaite même en tant que patiente. Je suis donc une patiente modèle.

Toutes les semaines, je me rends au cabinet du Dr ROCAT où je déballe ma vie. Mon enfance au Maroc, mon arrivée à Paris, ma vie d’étudiante, je n’ai pas de secret pour cette étrangère. Je me libère et parle avec elle comme je ne le fais jamais avec personne. Je découvre ainsi que, si je sais écouter, je n’ai jamais vraiment dévoilé mon cœur. Je n’ai jamais posé un genou à terre et libéré ma parole. Dans cet endroit feutré, qui semble garder tous les secrets, je baisse enfin la garde et délivre mon cœur de mes angoisses.

Elle pose des questions, je réponds. Elle oriente ma réflexion et m’amène systématiquement à rechercher les réponses en moi. Et comme je vous l’ai dit dans « Quand débute la thérapie » elles sont là. Encore faut-il que j’accepte de voir la vérité en face : MA vérité.

Au cours de nos échanges je découvre la signification de deux mots très liés. Des mots que nous utilisons, chaque jour, sans nous rendre compte de leur impact sur notre fonctionnement et celui de notre entourage.

LA PEUR vs LE COURAGE

Pourquoi la peur ? Tout le monde sait ce qu’est la peur n’est-ce pas ? Je ne vais quand même pas vous définir ce mot aujourd’hui ! Et pourtant il a fallu que le Dr ROCAT le fasse. Évidemment, elle n’est pas allée me chercher le Larousse et fait la lecture.

Pourquoi le courage? Parce que « A cœur vaillant rien d’impossible » et moi je n’ai peur de rien, je suis un valeureux guerrier version féminine.

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