« Le secret du bonheur, voyez vous, n’est pas trouvé dans la recherche du plus, mais en développant la capacité à jouir du moins » Socrate
En 2016, Victoria s’est décidé à reprendre une activité sportive régulière. Il fallait une reprise en douceur, pas de sport violent ou douloureux. Elle devait se détendre et éventuellement s’amuser. L’opportunité se présenta en la personne de Lisa, une voisine, qui lui proposa à la rentrée scolaire de faire de la marche nordique avec un groupe. Marcher dans la nature, une semaine sur deux, n’allait pas l’épuiser donc ce fut un grand oui. Les railleries au sujet de ce « sport de vieux » ne tardèrent pas à fuser. Mais Victoria avait trouvé une super coéquipière et comptait bien s’accrocher à ces chouettes moments au milieu de la nature. Avec ou sans bâtons, c’était du sport et bien plus physique qu’il n’y paraissait.
Après une bonne soirée entre amis, le réveil, ce matin, est un peu difficile. Le ciel est gris, il pleut, j’ai envie de rester au fond de mon lit. Mais Lisa m’attend pour rejoindre notre sympathique groupe de marcheurs nordiques. N’essayez même pas de visualiser nous n’avons rien de nordique !!!
Je sais qu’une fois que j’y serai je serai ravie mais là franchement, je peste, je râle en mon for intérieur parce qu’il fait un temps de m… et que nous sommes en mai. Oui les amis, nous sommes en mai, il fait 10 degré et il pleut sans arrêt. Non mais franchement, qu’est-ce que j’ai fait au bon D. !!! A ceci, vous rajoutez que je ne suis pas vraiment fraîche ce matin…je suis à deux doigts d’abandonner lâchement Lisa.
Bon, allez on y va. Nous sommes un petit groupe d’une dizaine de personnes de 40 à 65 ans, le niveau aujourd’hui est relativement homogène. Le coach ne va pas faire dans la dentelle.
Nous entrons donc tous ensemble dans la forêt et là plus que jamais la magie opère à nouveau. Plus que jamais parce que nous sommes au printemps, que les branches sont remplies de feuilles. Nous avançons les uns derrière les autres sur ce premier sentier. Pas après pas nous sommes accompagnés par ces magnifiques et immenses arbres. J’ai l’impression d’être sous une tonnelle, protégée de la pluie par ces branches qui s’enchevêtrent. Je suis fascinée par cette beauté, éblouie par le vert presque fluorescent de la végétation qui m’entoure. Je n’entends plus que le gazouillis des oiseaux, les voix de mes collègues de marche disparaissent.
Je suis emportée dans mes réflexions. C’est magnifique, c’est magique. J’aime être ici, j’en ai besoin. Je ne suis pas assez disciplinée pour me l’imposer régulièrement. J’ai toujours su que la nature me redonne de l’énergie. Et pourtant….
Si je suis ici aujourd’hui ce n’est pas un hasard. Parce que rien n’est dû au hasard. Vous croyez au hasard vous ? Pour ma part je n’y crois pas. Je ne sais pas même pas si j’y ai cru un jour.
Je suis en train de marcher en plein milieu d’une forêt avec des bâtons. Je me ressource, je me reconnecte à la nature et ce n’est pas un hasard. Les cinq dernières années ont certainement été les plus intenses dans ma quête de bien-être.
J’en suis là aujourd’hui en marchant sous cette tonnelle d’arbres, j’avance sur le chemin de la vie et pourtant je regarde en arrière. Je dois lâcher, je dois passer à autre chose. Vous êtes en train de vous dire : mais de quoi parle-t-elle ?
J’y arrive les amis, j’y arrive.
Je parle tout simplement de mon obsession. Vous savez ? L’obsession de Victoria.
Non vous ne savez pas, parce que vous pensiez qu’après l’arrivée d’Emma, cette obsession s’était arrêtée. Tu parles, comme si c’était aussi simple. Remarquez ça aurait pu l’être si j’étais tombée enceinte rapidement après la naissance de ma poupée.
Malheureusement le ciel en a décidé autrement. Mais rien n’arrive pas hasard n’est-ce pas ?
Nous savions que ce n’était pas si simple d’avoir un bébé. Emma étant arrivée « sans traitement », nous espérions plus de facilité pour le 2nd. Elle avait 2 ans lorsque que nous avons « décidé » qu’il était temps d’avoir un petit frère ou une petite sœur.
Nous rêvons d’avoir une grande famille. Alex parce qu’il a grandi en fils unique (ses sœurs sont arrivées bien plus tard) et moi parce que je ne conçois pas la vie autrement qu’avec des frères et sœurs. Avec la naissance d’Emma j’avais retrouvé le rêve d’une famille nombreuse avec 3 enfants au moins. Ok je n’avais plus 20 ans mais sait on jamais? Bref on en rêvait, on y croyait.
Alors bien sûr lorsque les mois se sont mis à défiler, sans grossesse en vue, l’inquiétude s’est réinstallée. J’avançais en âge, je n’avais plus le temps. J’étais tiraillée entre faire confiance à la nature et le temps qui passait et ne me laissait pas le choix.
Mais pourquoi? Pourquoi pas moi? Pourquoi ce 2eme ne venait pas tout simplement? Pourquoi je ne pouvais pas organiser ma vie comme toutes ces filles qui programmaient l’arrivée du 2éme pour la rentrée à l’école du 1er?
Pourquoi je ne pouvais pas donner ce petit garçon à mon merveilleux mari qui rêvait d’avoir un fils? Pourquoi je n’arrivais pas à « offrir » à ma jolie petite Emma un petit frère ou une petite sœur?
Cinq ans plus tard, sur ce chemin, au milieu de la forêt, j’en suis encore là. J’ai tout essayé, nous avons tout essayé. J’ai pris tous les chemins qui se sont offerts à moi, j’ai été chercher les sentiers parallèles pour trouver les réponses en moi.
Ce 2eme enfant n’est jamais venu et ne viendra jamais maintenant. Je dois passer à autre chose. Je ne sais pas pourquoi j’en suis là. Je devine, ressens qu’il y a quelque chose derrière. Je suis à la croisée des chemins pour quelque chose qui m’échappe. Je n’ai pas fait tout ce parcours pour rien.
Les voix de mes camarades de marche me ramènent à la réalité. Je ravale mes larmes, parce que l’émotion m’étreint toujours sur ce sujet, je souris et me dis: « profite de l’instant présent ».
Autant vous dire que j’ai bien fait, parce que le coach ne comptait pas nous la faire en mode balade de vieillards. J’ai du me recentrer sur ma respiration et accélérer le pas.
Par conséquent, la suite au prochain « épisode » lorsque j’aurais repris mon souffle?
On ne choisit pas la vie, elle nous est donnée, acceptons ce qui nous arrive avec philosophie même si celà est très difficile parfois. C’est très bien VICTORIA ces « promenades » en forêt,la nature nous amène à la méditation…….Réflexion d’une vieille dame que la vie n’a pas épargnée.
Merci pour votre commentaire. Oui vous avez raison la nature nous amène à la méditation et pour ma part m’inspire et m’apaise énormément. Bises