Qui suis-je pour juger?

« Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil? »

La sainte Bible, Mathieu 7:3

Un mois déjà que Victoria a repris le chemin des écoliers. Les journées s’enchainent sans passion. Une première pour celle qui bosse depuis 10 ans avec pour seul leitmotiv: s’amuser. Son métier est son terrain de jeu mais depuis son retour de congé maternité, elle ne s’amuse plus. Ce jour là, elle déambule dans les couloirs de l’école. Elle s’arrête pour échanger avec les jeunes qui préparent leurs examens. Ils sont passionnants avec leurs rêves plein la tête mais le cœur de Victoria appartient désormais à sa fille Emma. Elle réfléchit à sa vie, hors de question d’être prise au piège dans un boulot qui ne lui correspond plus.  La question est: pourquoi?

Vous l’avez compris cette reprise est compliquée. Tiraillée entre ma vie de maman et ma vie de working girl,  je ne retrouve pas ma place dans ce contexte de travail.

Je n’ai pas la confiance de mon N+1, en tout cas je ne la ressens pas.

Je vous disais dans mon précédent article que « Personne ne naît manager mais certains ont des facilités …… ou pas » et j’en ai fait le constat régulièrement dans ma carrière.

Et s’il y a bien autre chose que j’ai identifié, c’est que la communication avec  l’autre est un « art ». Je l’ai malheureusement souvent compris à mes dépens.

Je m’explique.

Je me souviens bien de l’époque où j’étais enfant. J’observais et j’écoutais beaucoup. J’ai donc commencé à décrypter les émotions des autres assez vite. Est-ce pour ça qu’instinctivement je pèse souvent mes mots et suis vigilante aux messages que j’émets ?

Attention, je ne vous raconte pas ça pour vous expliquer à quel point je suis douée et blabla et blabla. Non, non et non ! Remarquez ça pourrait être sympa d’écrire un article à me jeter des fleurs pendant des heures, ça me changerait….

Où en étais-je déjà ? Ah oui je pèse mes mots. Comme c’est naturel chez moi, je me suis toujours imaginé que tout le monde le faisait.

Je tiens toutefois à mettre les choses au clair, je  n’ai pas vécu dans un monde de bisounours dans ma jeunesse. Ce n’est pas comme si je vivais dans la famille « du blond » (pour ceux qui comprennent la référence à Gad Elmaleh) ou dans une famille modèle où les seuls bruits à table sont ceux des couverts contre les assiettes lors des repas. Vous visualisez ?

Chez nous ça gueulait, oui oui vous avez bien lu. Je n’ai pas écrit « criait » J . Et on ne faisait pas dans la dentelle. Une vraie famille du sud : virulente, haute en couleur, exagérée, gueularde mais vigilante à l’autre. Et oui il faut observer les autres, pour gueuler au bon moment et « taper » là où ça fait mal. Tout ça n’est qu’Amour bien entendu. Et ce n’est pas une blague, c’est VERIDIQUE, on s’aime pour de vrai et on se dispute pour se le dire. Se parler, c’est pour les sourds. Ok j’en rajoute mais…pas tant que ça:)

Donc, en grandissant, en vieillissant, en travaillant en entreprise j’ai continué à observer. Je développais mon sixième sens, je devinais de mieux en mieux les gens et je les voyais arriver comme des éléphants sur une route de campagne.

J’étais en entreprise, je pouvais faire confiance à mon instinct mais je devais aussi m’assouplir. Je ne voulais pas être psychorigide et être catégorique sur les gens que je rencontrais. Qui plus est, en prenant des responsabilités! On a vite fait de devenir un tyran si on imagine être tout-puissant. En effet, il faut commencer par une posture très importante: NE JAMAIS SE PRENDRE AU SERIEUX.

Le monde est fait de gens différents et c’est cette richesse qui nous nourrit. Puisons nos forces dans la différence!

Très facile à dire, puis à « écrire ». L’exercice de mise en pratique demande un peu plus de ressources personnelles. Au fil de ma carrière j’ai donc choisi cette posture et me suis « apaisée ». J’ai continué à faire confiance à mon instinct mais je laissais plus facilement la « chance au produit ». Tout était fonction de la mission dudit produit. En effet, sur mon lieu de travail je ne me cherchais pas des ami(e)s alors qu’il ou elle soit relou, bêta, superficiel, mytho, quelle importance? Il fallait qu’il ou elle réponde à la fonction attendue. En l’occurrence, dans le cas de Monsieur C, son job était de piloter les écoles du groupe, et à mon niveau de me manager. Je fis donc fi de mon premier avis sur ce gars, condescendant et prétentieux.

Soyons clairs, si l’exercice n’est pas toujours simple c’est encore le meilleur moyen que j’ai trouvé pour rester lucide, prendre du recul et libérer mon esprit. Et c’est le conseil que je vous délivrerai ici : ne juge pas ton prochain (sur ton lieu de travail), c’est  une perte de temps et d’énergie. Cela vous fait perdre toute lucidité sur le boulot. Le jugement étant souvent lié à une émotion, vous installez immédiatement une relation affective.Se libérer du jugement c’est se donner l’opportunité d’instaurer dés le départ une relation saine et de laisser chacun à sa place: celle de collègues de travail.

Il y en a un qui le dit plutôt bien et ce depuis fort longtemps.  En effet , Mathieu, pas mon pote, mais plutôt celui de la bible (excusez mon côté cavalier, je ne suis pas très branchée théologie)  dit: « Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés. Car on vous jugera du jugement dont vous jugez, et l’on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez.… »

Monsieur C et moi même avions donc bénéficié de ma grande sagesse dés le début de notre collaboration. Tant que je restais dans ce fonctionnement tout allait bien.

J’allais bientôt comprendre pourquoi ce job ne me correspondait plus…

Vous voulez savoir? Quelle sera la prochaine leçon que Victoria retiendra?

La suite…la semaine prochaine …..avec une surprise

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Une réflexion sur “ Qui suis-je pour juger? ”

  • 24 mars 2017 à 9 h 10 min
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    Je te souhaite bien du courage. Je n’ai pas d’enfants mais je me doute que ça doit pas être évident…

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