« Que l’on fasse un enfant blond ou brun, c’est déjà très joli, quand on en a fait un. »
Alfred de Musset
Janvier 2016, il est 19h, il fait nuit, Victoria est assise dans sa voiture en bas de chez elle. Elle est sous le choc. « Les hommes n’enfantent pas », cette phrase résonne dans sa tête. Comme un uppercut, elle l’a « reçu » de plein fouet. Et comme à chaque fois, une simple phrase devient ce déclencheur nécessaire à sa remise en question.
L’année 2015 venait de se terminer dans l’horreur et le traumatisme collectif. Nous n’oublierons pas les attentats de Janvier et Novembre 2015 à Paris.
Traumatisée, paniquée, elle s’était, pour ma part aussi finie dans la douleur physique et morale, dans la déception, dans la dégringolade. Fin 2015, j’ai perdu pied. Je vous explique.
Mais par où commencer ? Peut-être devrais-je remonter à l’an 2000 ? Ça fait un peu loin non ? Et pourtant finalement c’est peut-être là que j’ai commencé à bloquer sur le sujet. THE sujet !
Je vous entends me poser la question : lequel ?? Le seul, l’unique, mon obsession depuis 15 ans, j’ai nommé : AVOIR UN BÉBÉ !
« Mais tu ne nous as pas dit quelque part que tu avais une fille ? » Oui et alors ? Je n’ai pas dit qu’elle était arrivée d’un coup de baguette magique !
Bon alors, attention je vous préviens, nous allons rentrer dans une phase un peu sarcastique, voire amère. Je le suis toujours lorsque j’aborde les sujets du désir de grossesse et de la maternité et je me l’accorde : c’est totalement légitime.
Donc je disais, 2000, j’ai 25 ans, jeune mariée. En toute logique j’espère avoir un bébé bientôt. Je vous ferai grâce dans cet article de toute la période de mariage, dépression, divorce etc. Nous verrons ça plus tard. Pour l’instant nous notons que ce désir de grossesse commence « naturellement » en 2000.
Très rapidement le bébé ne venant pas, débute la course contre la montre pour avoir un bébé avant 30 ans. C’est écrit quelque part ? Je n’en sais rien, je ne l’ai lu nulle part, mais en revanche c’est inscrit dans mes tripes. A priori, il semble qu’il faille faire vite.
Avec un divorce à 30 ans, autant vous dire que j’ai perdu la course. En revanche, poule aux œufs d’or que je suis, les médecins m’ont vu arriver avec mes névroses et m’ont écouté dans mes délires. Résultats : échographie, prises de sang, hystérographie, hystéroscopie, la totale. Je commence la parcours de la procréation médicale assistée (PMA). Romantique non?
Je déteste les gynécologues mais alors là c’est le pompon et pour une femme reconnaissons-le (je vous raconterai à l’occasion aussi ma relation avec les hommes) c’est quand même pas glamour voire même humiliant.
Va pour les hormones, les traitements, les stimulations et tout le tintouin. Et cette mascarade dure 3 ans. Rien, nada, nothing, oualou même pas une mini fausse couche. Ne jetons la pierre à personne mais si à ça vous rajoutez une vie de couple moyenne, les ingrédients n’étaient pas là pour donner la vie.
Je vous rappelle qu’en parallèle j’avais débuté ma thérapie. Si j’avais répondu à la psy que « je voulais divorcer mais que je ne savais pas comment faire », n’oublions pas qu’au départ je voulais comprendre. Et dans les choses à élucider, il y avait peut-être déjà un « pourquoi je ne tombe pas enceinte naturellement ? ».
Les séances avec Mme ROCAT s’enchainent, les verrous se débloquent, les émotions débordent. La dépression s’installe mais Victoria n’abandonne jamais. Elle accepte de suivre le traitement prescrit par son médecin de famille, fait le silence dans sa tête et prend les décisions qui s’imposent. Elle choisit sa vie.
Je continue ?
Après un divorce, en toute simplicité et dans le silence le plus total à l’image de ma vie de couple, je refais ma vie. Mais avant nous noterons qu’après le divorce ce fut une grande inspiration comme si je sortais la tête de l’eau. 30 ans je reprends mon destin en main. Je change tout : appartement, voiture, job, petit copain. Sauf les cheveux… En effet, j’avais déjà tenté toutes les couleurs. Je m’étais calmée. Heureusement d’ailleurs, sinon va trouver un mec et un nouveau job avec des cheveux oranges qui tournent vers le vert !! Véridique ! Quand je pense qu’à l’époque, pour ne pas me froisser, mes copines m’avaient laissé délirer avec mes cheveux. Les filles, vous avez « dé-co-nné ». :):)
Bon soyons un peu romantiques. Je rencontre l’Amour avec un grand A, réciproque, bienveillant et enveloppant. Une relation normale parait-il. Enfin maintenant je le sais, à l’époque je ne savais pas même pas que ça existait.
J’ai repris le contrôle, ma carrière décolle. Je suis totalement indépendante. J’ai ma voiture à moi, mon appartement à moi, le tout payé avec mes deniers. J’ai un vrai sentiment de puissance. Toujours humble bien sûr, grâce à cette angoisse qui me colle à la peau: ça ne peut pas durer….Vous connaissez ? Encore un saboteur pour vous empêcher de vivre sereinement: la peur du bonheur.
Mais malgré le Prince Charmant la magie n’opère pas et bébé ne vient pas. Alors, autant vous dire là, que Angelina Jolie et toutes les starlettes de l’époque qui se montraient le ventre arrondi dans les magazines, je ne pouvais pas les supporter. Les pauvres, elles ne m’avaient rien fait. Mais moi non plus je n’avais rien fait de mal. Je faisais tout pour être la première de la classe, la fille parfaite, la sœur parfaite, la petite copine parfaite, l’amie parfaite etc et je n’avais pas le droit à mon « bon point » ???
Quelle était donc cette injustice ? Et p….les années passaient, il fallait faire vite et rien ne venait. Je n’en pouvais plus, j’avais repris les stimulations par cachets, puis j’avais enchainé par les piqures. Chaque cycle était une déception, chaque mois un parcours du combattant.
Petit miracle un matin au réveil, mon Alex me dit « je suis sûr que tu es enceinte, fais un test ». Vous savez quoi ? Il avait raison.
Test pharmacie, prise de sang, visite chez le médecin. Trop chouette non ? Malheureusement la déception arrive quelques jours plus tard. Il ne tient pas. Malgré la peine, nous restions positifs. La machine avait quand même fonctionné ! Un petit œuf s’était accroché.
Et rebelote, nous repartons plus motivés que jamais dans les traitements. Mais l’épuisement me guette et le ras le bol de ce rythme infernal; de l’espoir mensuel suivi d’une déception systématique, s’installait.
Dans ce tunnel il y a bien sûr des moments merveilleux ! Heureusement sinon vous allez croire que je vivais dans une cave. Je vous rassure je suis joyeuse, comique parfois et toujours prête à soulever des montagnes pour secouer les âmes sensibles et les aider à trouver le chemin.
Donc parmi ces moments magiques, il y a le romantisme de mon amoureux qui décide de me surprendre et de faire une jolie demande en mariage. En toute simplicité, pleine d’émotions et d’amour, à notre image, bref le bonheur parfait.
Victoria vous raconte la suite dans sa prochaine chronique si vous le voulez bien.