Quand débute la thérapie

« La seule raison d’être de la douleur, c’est de secouer votre sommeil. Quand l’intelligence consciente s’éveille, s’en est fini de souffrir » Osho Rajneesh

Victoria est assise au milieu de ce jardin magique aux couleurs chatoyantes.
Quel merveilleux endroit!Des orangers, des bougainvilliers et un silence apaisant interrompu par le gazouillis des oiseaux. Elle observe, elle absorbe cette douceur et laisse ses souvenirs affluer.

Décembre 2003, je rentre dans le cabinet du Dr ROCAT. C’est une femme. Elle est psychiatre. J’ai trouvé ses coordonnées dans les pages jaunes.
Je suis mal, pleine de questions, malheureuse. Je suis coincée dans ma vie, prise au piège mais que faire?
J entends, je devine les autres et les amène a me parler. Puis je les écoute, je les console, je les conseille. Ces moments me permettent de faire le silence dans ma tête, dans mon cœur, de me sentir moins seule parfois, souvent plus utile.

Je suis mariée depuis 3 ans. J ai trouvé une place de choix au sein d une grande famille. Je me reconnais dans ce modèle. Je suis avec un homme qui a le même style physique que mon père et la même culture que ma mère. Il est un bon compromis entre les deux.
Il est, à l’époque, selon moi, le style d’homme qu’aurait dû épouser ma mère.
Vous allez voir, des certitudes comme ça j’en ai des tas.
Je vais donc commencer mon chemin avec le leitmotiv suivant  » si jeunesse savait, si vieillesse pouvait ».

A ce moment là de ma vie, il est temps que je trouve quelqu’un pour m’accompagner, me guider. Au risque de paraître extrêmement prétentieuse je crois que j’avais besoin de quelqu’un qui m’amène à réfléchir comme je le faisais moi-même avec les autres. En effet, personne ne m aidait avec des phrases toutes faites du genre « sois patiente »,  » c’est ça la vie », « les hommes sont tous comme ça » ou encore  » arrête d’y penser » en parlant de mon désir de grossesse.

Oui parce que j étais mal et les raisons qui me paraissaient évidentes du premier coup d œil étaient:
– ma vie de couple que je qualifierais aujourd’hui sans scrupule de « chiante à mourir » j’avais 28 ans et l’impression d’en avoir 50.
– mon envie de ce bébé qui ne venait pas depuis 3 ans.
Je sentais que mon mal-être était plus profond, j’observais mes collègues, j’écoutais les autres et voyais bien qu’un truc clochait. Je n’étais pas à ma place mais je n’arrivais pas à le formuler. Je vous ai déjà dit que j’étais une femme sage, je pense que je vous ai dit aussi que je suis « née vieille ». Mais cette sagesse était insuffisante, je n’avais pas assez d’expérience et de recul sur la vie pour mettre des mots sur ce que je ressentais, pour comprendre mon sentiment de vide. Je cherchais des réponses dans l’astrologie, la numérologie, la voyance. Parce que dans l’obscurité, qu’importe le chemin, il était l’opportunité d’une lumière.

Mais finalement j’ai choisi d’essayer de comprendre et j’ai pris rendez vous avec cette femme. Me voilà donc dans le cabinet du Docteur ROCAT. J ai pris mon courage (encore celui-là), à deux mains et j’arrive à l’heure. C’est la moindre des choses me direz-vous 🙂
Paris, immeuble haussmannien, je rentre dans cet appartement qui accueille deux médecins. C’est vieillot, j’imagine bien des personnes âgées déambuler de pièce en pièce. De vieilles femmes à la mise en pli parfaite, aux cheveux violines pourraient y vivre. Le Docteur ROCAT doit être ce type de femme.

Peu de lumière, les murs sont ternes, le silence est pesant. Le bruit du parquet qui craque sous mes pieds est assourdissant dans cette atmosphère. Je m’installe dans la salle d’attente et…..j attends. Soudain, elle arrive. Bon, ben on est loin de la petite mamie aux cheveux violets et au brushing parfait. Petit bout de femme brune, ronde (en tout cas ses vêtements sont amples), elle est aussi sombre que le lieu. Pas un sourire, une simple poignée de mains, ok elle n’allait pas me faire la bise, mais l’hospitalité chez les marocains c’est une seconde nature. Alors devant tant de froideur, je ne sais pas gérer et je n’ai qu’une envie: partir en courant. JE NE VEUX PAS PARLER A CETTE FEMME!!!

De la salle d’attente nous allons à son cabinet. Là l’ambiance y est feutrée, moquette au sol, grande bibliothèque, lumière tamisée, finalement je crois que je vais éclater de rire.

Bref je m’assois, je n’ai plus le choix, je suis là. Nous sommes face à face. Deux fauteuils installés à 2,50 m l’un de l’autre.

 » Pourquoi venez vous me voir? » J’ai envie de répondre « Excellente question docteur, je ne sais pas vraiment mais ça va être long ». Pourtant la réponse qui sort spontanément est: « Je veux divorcer mais je ne sais pas comment faire »!

Alors là, ça commence bien, je ne l’ai pas vu venir.

Elle ne cille pas, n’exprime rien. Elle me pose des questions et laisse le silence s’installer si je ne réponds pas. Le silence! J’écrirais certainement sur ce vaste sujet un jour car depuis j’ai appris qu’il était le meilleur allié de chacun d’entre nous. Mais ce jour là, je ne savais pas quoi faire de ce silence, angoissant, étouffant, gênant. La séance dura 30 minutes. A la fin, elle m’indiqua que je devais revenir vers elle si je voulais poursuivre. Il faudrait « analyser » mon enfance, ma construction, ma famille, mon entourage à raison d’une séance par semaine, pour démarrer. Elle conclue la séance par une simple question à laquelle visiblement elle n’attendait pas de réponse puisqu’elle se leva et passa à son bureau. « Êtes vous aujourd’hui là où vous aviez envie d’être lorsque vous étiez petite fille? »

Ouah quelle question! Je rentre chez moi, un peu sonnée, perplexe et en même temps curieuse. Finalement j’aime bien l’approche du Docteur ROCAT. Après tout on ne va pas devenir les meilleures amies de la terre et ce n’est pas ce que je cherche. Je veux un guide qui me montre le chemin pour trouver les réponses en moi-même. En effet, je sais déjà que  les réponses sont en moi.

Ce jour là, je me disputais avec ma soeur Elsa comme jamais. Je ne lui adressais pas la parole pendant plusieurs jours. Une grande première pour moi qui ne supportais pas le silence et ne boudais jamais.

J’avais commencé la thérapie, mon introspection débutait, je savais que j’allais ressortir la poussière de sous les tapis mais j’étais prête. Prête à choisir ma vie quel qu’en soit le prix.

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