L’obsession de Victoria (partie 2)

Novembre 2008, il fait froid, il fait gris, Victoria et Alexandre enchainent les semaines de travail. Elle travaille souvent les week ends. Ils se voient peu, la vie parisienne les absorbe. Le temps passe trop vite. Alexandre stoppe le rythme en organisant un dîner pour sa dulcinée histoire de se retrouver et se changer les idées. La réalité est tout autre.

Nous sommes au restaurant. Un petit restaurant de quartier où tout est fait maison. Nous aimions beaucoup cet endroit pour sa convivialité mais aussi pour son nom : « Hier et Aujourd’hui ». C’est joli non ? Pour ma part j’adore car il me fait penser à ce poème de Rosemonde Gérard « L’éternelle chanson ». Le seul poème dont je suis encore capable de réciter par cœur quelques passages. Forcément vous connaissez tous et toutes cette expression « Aujourd’hui plus qu’hier et bien moins que demain » extrait de ce poème.

« Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs,
Au mois de mai, dans le jardin qui s’ensoleille,
Nous irons réchauffer nos vieux membres tremblants.

……………….….

C’est vrai, nous serons vieux, très vieux, faiblis par l’âge,
Mais plus fort chaque jour je serrerai ta main
Car vois-tu chaque jour je t’aime davantage,
Aujourd’hui plus qu’hier et bien moins que demain. »

Non, non, je vous assure je ne suis pas une intello. J Au fond je suis, ce que je n’ai jamais voulu admettre, une grande romantique ! Mais oui après tout si ce n’est pas l’amour qui nous fait avancer je ne sais pas ce que c’est. L’Amour avec un grand A, l’amour pour notre famille, nos enfants, les autres, nos animaux, nos passions et ….. découverte de la quadra que je suis : l’Amour de soi.

Bref, l’AMOUR est le moteur de chaque individu, encore faut-il l’accepter. Parler d’amour fait toujours grincer des dents et vous fait souvent passer pour un ou une allumée J

Bon, je crois que j’ai dérapé. Revenons à nos moutons. Nous sommes donc en train de dîner, loin de moi l’idée d’une soirée plus romantique qu’une autre. Nous papotons de choses et d’autres, je suis vraiment épuisée mais je donne le change. Je sens pourtant que mon amoureux n’est pas dans son assiette non plus. Il a l’air stressé, ce n’est pas du tout son genre. Je m’inquiète : « ça va ? » et là il se met à bafouiller. Holà, que se passe-t-il ? Complétement empêtré dans son émotion, mal à l’aise, mon amoureux me sort une magnifique bague et me demande de l’épouser.

Moi, qui me targue de tout voir et deviner les gens, celle-là je ne l’ai pas vu venir. Mais alors … PAS DU TOUT !

Vous l’avez compris j’ai dit oui sans hésiter une seconde parce que « lorsqu’il sera vieux et que je serai vieille, lorsque nos cheveux blonds seront des cheveux blancs » (ok nous sommes bruns, mais on s’en fout ça marche aussi)  c’est avec lui que je veux être. Et  j’ai envie de croire que nous allons nous donner les moyens pour y arriver. Car pas d’illusions, la vie à deux ça ne marche pas tout seul, ce sera un travail de chaque instant. A priori nous sommes d’accord sur ce principe de vie.

Toutefois ce sera mon second mariage donc je ne suis pas totalement à l’ouest. Mon surnom est quand même « la voix de la sagesse ». Il ne faudrait pas l’oublier. L’angoisse m’étreint quelques jours plus tard : il faut que ça marche, ça ne le fera pas un deuxième divorce.

Mais je l’aime de tout mon cœur et j’ai envie de nous faire confiance.

Une de mes lectrices soulignait justement le poids de l’éducation dans un commentaire sur mon article intitulé « La Voix de la sagesse » (vous savez? mon surnom.Il faut suivre les amis). Et bien nous y sommes. En effet même si j’avais ma vie bien en mains, mon indépendance accrochée à mes baskets et je prenais la décision de me remarier, ne nous leurrons pas une petite voix au fond de moi me soufflait « c’est honteux, ça ne se fait pas ». Pour les bilingues on dit « hchouma » chez moi. J La honte, quoi!

D’une certaine manière j’étais une rebelle. Bien sûr pour certains je devais être une Amazone (une femme guerrière pas le site d’achat en ligne) et pour d’autres une paria. Mais je combattrais jusqu’à mon dernier souffle pour la liberté de penser et je faisais taire les vilaines voix systématiquement.

Par ailleurs, pour Alex, il s’agissait de son mariage donc je ne pouvais pas le brider. Mais « c’est honteux » revenait régulièrement : une grande fête ? Une belle robe ? Je n’avais pas 20 ans, je n’allais pas faire ma midinette.

Finalement convaincue par notamment par mon amie Nathalie qui m’accompagnait avec ma mère choisir ma robe, je lâchais prise et je préparais le mariage de la maturité. Celui dont je rêvais quand j’étais petite et que je m’autoriserais à vivre. C’était mon mariage à moi, ma Vie à moi. Et toc !

Vous souvenez-vous de la question de la psy à la fin de la première séance (cf : « Quand débute la thérapie ») : « Êtes-vous aujourd’hui là où vous aviez envie d’être lorsque vous étiez petite fille? »

Je ne l’ai jamais oublié et chaque fois que j’hésite, je me reconnecte à la petite fille que j’étais. Et moi le mariage dont je rêvais avait lieu en été, dans un jardin et en petit comité.

J’allais donc organiser mon mariage de petite fille. Alors nous n’avons certes pas tous la  même notion du « petit comité » mais avec une grande famille, 120 personnes c’était vraiment le minimum. Nous avons eu la pluie torrentielle toute la journée mais ce fut quand même une journée de rêve pour plein de raisons.

Alex avait fait sa demande en novembre 2008 et ils se marièrent en juin 2009. Oui le délai était court. Victoria était heureuse et quitte à organiser une fête dans l’urgence autant se concentrer sur ça. Elle proposait donc à son futur mari de stopper tout traitement jusqu’en septembre. Pour l’heure, elle voulait réaliser ses rêves : un joli mariage et partir en voyage de noces à New York.

Partir à New York, mon rêve américain !

Je crois qu’aller aux États-Unis et plus particulièrement à New York c’était, selon moi, devenir adulte. Je vous ai déjà dit que j’avais quelques certitudes et croyances étranges (« Quand débute la thérapie »). Chacun se construit avec ses propres croyances. Une leçon, parmi tant d’autre, que j’ai bien assimilé, est que l’émetteur n’est pas toujours responsable de la manière dont le récepteur appréhende l’information. Personne ne m’avait mis dans la tête que je deviendrai une femme adulte et libre quand j’irais aux US et pourtant, moi, j’avais dû l’inscrire quelque part dans mon cerveau. Parce que lorsque nous avons réservé nos billets, c’est comme si j’avais ouvert une porte et fais rentrer de l’air frais dans une pièce surchauffée. Une inspiration, encore une ! (va falloir expirer ma poule dis donc)

Bref I was so excited!!  Je partais aux États-Unis d’Amérique, « le Gendarme à New York » a bercé mon enfance les ami(e)s. J J J

La suite dans quelques jours…

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