La grossesse de la cocotte-minute

La grossesse de la cocotte-minute

« Vivre la naissance d’un enfant est notre chance la plus accessible de saisir le sens du mot miracle. « 
 Paul Clavel

Victoria et Alexandre sont mariés, ils ont fait leur voyage de rêve à New York. Ils commencent une nouvelle vie en banlieue parisienne dans un joli appartement. Victoria est enceinte de 5,5 mois.

Nous avons eu un mariage de rêve. Une journée merveilleuse entourée de nos amis et notre famille, cachés tous les deux dans la bulle de notre joli secret, nous attendions un bébé pour janvier 2010.

La majorité des personnes présentes n’étaient pas au courant excepté nos parents et quelques proches. Comme vous vous en doutez j’étais donc surveillée par mon homme, ma mère et mes tantes, comme du lait sur le feu. Mais je profitais à fond de ces moment magiques, malgré une pluie torrentielle qui avait décidé de nous accompagner du jour de la cérémonie jusqu’au retour de notre voyage de noces. Pour le soleil c’était donc râpé.

La grossesse se déroule à peu près sereinement avec mes émotions qui débordent régulièrement. C’est déjà le cas en temps normal, mais alors enceinte c’est la tempête en permanence.

Panique à bord lorsque je dois faire une Amniocentèse. Panique générale lorsqu’en vacances au Maroc, j’ai une grippe intestinale. Bref, il n’y a pas de moment de sérénité puisque tout peut s’arrêter n’importe quand. En tout cas c’est comme ça je le vivais.

A 5 mois et demi, visite mensuelle chez le médecin qui m’arrête sur le champ et me demande de rester chez moi. Merveilleux, moi qui rêvais d’un congé maternité sympa où j’allais pouvoir sortir avec mes copines, faire les magasins et préparer l’arrivée de mon bébé! ça paraissait compromis.

A ce moment-là je n’imaginais pas à quel point.

En effet, c’est là que mon père tomba gravement malade. Autant vous dire que pour la grossesse sereine, on est passé totalement à côté. On ne me disait pas tout mais n’étant ni sourde, ni aveugle et incapable de fermer les yeux, je m’angoissais beaucoup.

Je vous passe les détails, mon père va bien aujourd’hui alors inutile de faire pleurer dans les chaumières. Toutefois, ce jour-là, le médecin m’autorisait à le visiter à l’hôpital car « il n’y avait plus rien à faire, il valait mieux ne pas traîner ». En le voyant, amaigri dans sol lit, j’eus un tel choc que, le soir même je me retrouvais aux urgences avec un gros risque d’accouchement prématuré.

A cet époque sévissait la grippe A, on nous bassinait sur le sujet ou plutôt devrais-je dire on nous terrorisait en cultivant la psychose. Je fus donc hospitalisée, il fallait surveiller bébé. Je restais seule, alitée, toute la journée. Ma famille était avec mon père dans l’est parisien et moi j’étais avec mon mari dans l’ouest. Et accessoirement mon mari travaillait. Oui, il y a vraiment des choses inadmissibles, n’est-ce pas ? Quelle idée de travailler dans des moments pareils!

Le pire c’était la nuit, car je faisais des crises d’angoisse. Mais pendant cette période j’ai encore une fois fait de belles rencontres, de personnes bienveillantes, patientes et à l’écoute. Le personnel médical de l’Hôpital Louis Mourier à Colombes était vraiment merveilleux. Je m’apaisais, les jours passaient et chaque jour était un jour de gagné vis-à-vis de la prématurité. Je parlais à mon bébé, ma petite fille ! Ah oui je ne vous ai pas dit, grâce à l’amniocentèse nous avons su rapidement que c’était une fille.

J’essayais de lui parler, l’exercice n’était pas simple. J’avais du mal à me connecter à elle. Et pourtant elle me mettait de sacrés coups de pieds! Difficile d’oublier sa présence, déjà coquine.

Toutefois je crois que j’étais encore la petite fille de mon père. J’étais terrorisée par tout ce qui se passait. Je ne pouvais être présente avec les miens dans ces moments difficiles. J’étais malheureuse et très en colère. En colère parce qu’ impuissante, en colère parce que seule dans cette chambre d’hôpital, en colère parce que mon père avait vraiment mal choisi son moment, en colère parce que je paniquais. Bref j’étais en colère. Et quand vous êtes en colère, enfermée dans une chambre sans pouvoir bouger, vous devenez une cocotte-minute.

Je vous passe les détails de mon retour à la maison 48h durant, pour repartir illico aux urgences en pleine nuit. Et oui mon bébé avait décidé de sortir. Je crois que vivre dans une cocotte-minute ne devait pas être très agréable. Remarquez ça  peut se comprendre, c’était vraiment le bazar là dedans, pauvre poupette elle était en pleine tempête.

Nous étions donc tous les deux, Alex et moi, aux urgences avec des contractions. Je souffrais. Croyez moi ou pas, je ne suis pas une chochotte mais là ce n’était plus un mythe: les contractions ça fait mal. Moi qui déteste me faire remarquer, je n’arrivais pas à m’empêcher de crier. Mon pauvre mari ne savait plus quoi faire. Les infirmières qui venaient régulièrement voir si tout allait bien me répétaient en boucle « Soufflez ». Résultat, Alex qui cherchait une solution pour me soulager me dit « souffle ». Au regard que je lui jetais, le mot resta bloqué dans sa gorge.   Malgré la douleur, j’avais envie de rire devant son air contrit.

J’avais beaucoup angoissé pendant ma grossesse, j’avais peur de l’accouchement mais je n’avais jamais envisagé avoir un bébé prématuré. On a beau vouloir tout contrôler et anticiper, le ciel vous réserve toujours des surprises. Notre princesse est donc née avec deux mois d’avance. Tout est allé très vite. Sans trop de difficulté, elle est arrivée dans un nuage de douceur, accueillie par son papa et sa maman en extase totale devant ce miracle de la vie.

Une nuit blanche pour un raz de marée d’amour et de bonheur. Elle fut tout de suite prise en mains par le service de néonatologie et mise en couveuse.

Passée l’euphorie des premières heures, je n’osais plus être heureuse. Non pas parce qu’il y avait un risque, mais tout simplement parce que je ne me l’autorisais pas. « On ne sait jamais »…

J’annonçais quand même la nouvelle par le traditionnel SMS. 7h du matin ça faisait un peu tôt pour lancer les festivités et la fanfare. C’est honteux. (La honte, encore celle là: L’obsession de Victoria (partie 2))

En apprenant la nouvelle, mon père pris le chemin de la guérison. Je crois qu’il avait finalement envie de connaître sa première petite fille. D’une certaine manière elle lui avait mis un bon coup de pied aux fesses en l’obligeant à se « réveiller ».

J’avoue humblement que les premières heures, j’avais un peu peur de toucher mon bébé.

A ma décharge, rappelons le contexte, nous sommes en plein pic de la grippe A. Ma fille était en couveuse dans un espace accessible uniquement après avoir enfilé blouses et masques. « Branchée » à quelques machines bruyantes permettant de surveiller sa respiration, son oxygénation, et son rythme cardiaque, elle semblait si fragile. C’était très impressionnant. Elle dormait comme un chaton. Je laissais donc le changement de la première couche à Alex, je craignais de lui faire mal.

Je vous vois venir, vous pensez que je ne voulais pas changer la couche? …Et bien je n’avouerai jamais:)

Encore une fois, le personnel médical se montra très rassurant et m’accompagna. J’acceptais de la prendre dans les bras sous l’œil vigilant d’une infirmière pour un contact peau à peau. Technique indispensable au bon développement des enfants et notamment dans les cas de prématurité. En effet, « quand bébé est contre vous, il reconnaît les sensations et les sons qui l’entouraient durant la grossesse, comme les battements de votre cœur, ce qui facilite la transition entre votre utérus et le monde extérieur. Le contact peau à peau vous aide à faire connaissance avec ce nouveau petit être tant attendu et favorise le lien d’attachement. « 

Concrètement, il y avait des fils partout mais elle était contre mon cœur et là le raz de marée continuait. Autant d’amour en si peu de temps, mélangé à une indicible angoisse, je n’étais pas sûr de pouvoir accueillir autant d’émotions.

C’était sans compter sur l’infinie capacité d’aimer que l’être humain a en lui. Devenir maman allait changer ma perception de la vie. Je ne savais pas encore qu’elle allait accélérer ma quête.

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L’obsession de Victoria (partie 3)

L’obsession de Victoria (partie 3)

« Il faut avant de donner la vie, l’aimer et la faire aimer ».

Henry BORDEAUX

Avril 2009, les billets pour New York sont réservés. A quelques semaines du Jour J, l’organisation du mariage est sous contrôle. Victoria et Alexandre profitent des premiers rayons du soleil du printemps. Rappelons qu’ils ont décidé de prendre une pause  » traitements » pour leur projet bébé. Ils vivent leur histoire sereinement l’un avec l’autre et l’un pour l’autre.

Les journées s’enchainent tranquillement. Je m’ennuierai presque dis donc.

Il faut dire que ces quatre dernières années ont été bien chargées. Dépression, divorce, changement de boulot, nouveau petit copain, deux déménagements, traitements hormonaux, fractures de l’épaule droite et de la main gauche etc … tout ceci avait rythmé ma vie. Et encore je ne rentre pas dans les détails parce que là, rien qu’en écrivant je suis fatiguée.

En allant déjeuner avec une copine, celle-ci me demandait où j’en étais dans mes projets de bébé. Oui, parce que vous avez toujours une bonne âme pour vous ramener à votre réalité. Et puis à 30 ans passés quel autre sujet de conversation ? C’est à croire que les filles n’ont rien d’autres à penser.

Mais à cette période, ma préoccupation était notre mariage. Mais bien sûr ! Vous m’avez cru en lisant cette phrase n’est-ce pas ?

Vous dire qu’à ce moment-là, je ne pensais pas du tout à l’idée d’avoir un bébé, serait un énorme mensonge. Vous noterez mon honnêteté redoutable.

J’étais vraiment en pause… sur le principe, et je savais que « pas d’hormones pas de bébé ». J’avais pourtant choisi de prendre un petit traitement de confort dirons-nous afin d’avoir des cycles réguliers et de pouvoir « maîtriser » mon planning. Une vraie working girl ! On ne se refait pas.

Mesdames, messieurs, une obsession reste une obsession. Ne pas penser à cette envie de bébé quand vous êtes une femme? Nous sommes conditionnées par notre horloge biologique certes mais aussi par notre chère société. Nos  cycles, enfin, nous le rappellent tous les mois.

« N’y pense pas » me disait-on tous les jours. Non mais franchement ! Je cogite en permanence, mon cerveau est tout le temps en ébullition !  Autant me demander d’arrêter de respirer ! Cette phrase est insupportable pour les femmes qui vivent cette situation, sachez-le. Personne ne commande ses pensées, ou alors on est maître Yogi. Personnellement je ne sais pas « ne pas penser » alors « ne pas Y penser »….

Ce n’est pas Descartes qui dit « Je pense donc je suis? » Il était malin lui déjà l’époque. Encore que, peut être devrions nous dire « Je suis donc je pense » non?  Allez, je m’égare comme d’habitude. Normal, je pense en même temps que j’écris.(hihihi)

Donc, sur les conseils de cette fameuse copine (celle du déjeuner), je prends rendez-vous chez son « médecin, spécialisée dans les problèmes de fertilité, de grande de folie », « le meilleur de la place de Paris ». Encore un autre! Parce que tout le monde connaît le meilleur médecin de Paris dans ces moments-là. Et je vous jure, j’en ai vu des phénomènes. Qui fut le pire ? Celui qui me reçut à 8h45 et me libéra à 8h55 avec une ordonnance pour une batterie d’examens. Pas d’auscultation, pas de questions et une facture de 150 euros ?

Ou celle qui m’accueillit avec un kilo de bijoux à chaque main et me diagnostiqua (sans examens) un problème d’anovulation ?

Vous n’avez pas du tout l’impression en sortant du cabinet de ce genre de médecin d’être une machine à sous. Non, non, vraiment, je vous assure.

Je prends donc rendez-vous chez cette merveille en me disant qu’au moins, avec lui, on préparera le terrain pour des traitements plus poussés dès septembre. J’étais sûre d’une chose, en effet, avec ce spécialiste on allait passer à l’étape supérieure. J’allais sur mes 34 ans, on essayait avec Alex depuis plus de deux ans. J’avais un passif je vous le rappelle. L’obsession de Victoria (partie 1)

Les cachets puis les piqûres n’ayant rien  donné, on allait enfin, passer à l’’insémination puis la FIV (Fécondation in vitro). Oui, c’est ce qu’on appelle le protocole de la PMA (procréation médicale assistée). J’avais de nombreuses copines qui étaient passées par là et j’avais lu des tonnes d’articles sur le sujet. J’étais bien renseignée, à défaut d’être enceinte, je connaissais toutes les techniques.

Me  voilà donc dans le cabinet de ce ponte de la fertilité, le Docteur LY, seule. Inutile de traîner Alex voire même de lui dire.

Enfin, un docteur digne de ce nom, il commença par le début : m’interrogea sur ma vie et mon parcours. Puis, il me prescrit une batterie d’examens à faire lors de mon prochain cycle pour mettre en place un protocole à la rentrée. Je vous rappelle que nous étions en avril. Je partis toute légère en me disant: « voilà une bonne chose de faite, je suis tranquille jusqu’en septembre ». Pour le reste je n’étais franchement pas à une piqure prés J donc je pouvais commencer les examens.

Malheureusement, blocage ou problème avec le traitement en cours, mes règles n’arrivaient pas. J’envoyais donc un mail au Dr LY en lui demandant quoi faire. Top ce médecin, non ? Moderne, je pouvais lui envoyer des mails et tout. J’adore.

Sa réponse fut laconique : « faites un test de grossesse ».

NOOON, il ne va pas s’y mettre celui-là aussi. Franchement, ils me saoulent tous. Ils ne se rendent pas compte ! Ça me donne un espoir que je ne veux pas avoir ! Je ne supporte plus cette déception !

Mais bien sûr que je vais le faire ce p… de test. Maintenant qu’il m’a mis la puce à l’oreille, le poison dans le cœur, que puis-je faire d’autre sinon obtempérer ?  Pourquoi suis-je allée le voir, j’étais tranquille ça pouvait attendre !

Voilà l’état d’esprit dans lequel je suis lorsque je fais ce test, seule le soir en rentrant après le boulot veille d’un jour férié. Mon homme n’était pas là et même pas au courant de ce qui se tramait.

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L’obsession de Victoria (partie 2)

L’obsession de Victoria (partie 2)

Novembre 2008, il fait froid, il fait gris, Victoria et Alexandre enchainent les semaines de travail. Elle travaille souvent les week ends. Ils se voient peu, la vie parisienne les absorbe. Le temps passe trop vite. Alexandre stoppe le rythme en organisant un dîner pour sa dulcinée histoire de se retrouver et se changer les idées. La réalité est tout autre.

Nous sommes au restaurant. Un petit restaurant de quartier où tout est fait maison. Nous aimions beaucoup cet endroit pour sa convivialité mais aussi pour son nom : « Hier et Aujourd’hui ». C’est joli non ? Pour ma part j’adore car il me fait penser à ce poème de Rosemonde Gérard « L’éternelle chanson ». Le seul poème dont je suis encore capable de réciter par cœur quelques passages. Forcément vous connaissez tous et toutes cette expression « Aujourd’hui plus qu’hier et bien moins que demain » extrait de ce poème.

« Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs,
Au mois de mai, dans le jardin qui s’ensoleille,
Nous irons réchauffer nos vieux membres tremblants.

……………….….

C’est vrai, nous serons vieux, très vieux, faiblis par l’âge,
Mais plus fort chaque jour je serrerai ta main
Car vois-tu chaque jour je t’aime davantage,
Aujourd’hui plus qu’hier et bien moins que demain. »

Non, non, je vous assure je ne suis pas une intello. J Au fond je suis, ce que je n’ai jamais voulu admettre, une grande romantique ! Mais oui après tout si ce n’est pas l’amour qui nous fait avancer je ne sais pas ce que c’est. L’Amour avec un grand A, l’amour pour notre famille, nos enfants, les autres, nos animaux, nos passions et ….. découverte de la quadra que je suis : l’Amour de soi.

Bref, l’AMOUR est le moteur de chaque individu, encore faut-il l’accepter. Parler d’amour fait toujours grincer des dents et vous fait souvent passer pour un ou une allumée J

Bon, je crois que j’ai dérapé. Revenons à nos moutons. Nous sommes donc en train de dîner, loin de moi l’idée d’une soirée plus romantique qu’une autre. Nous papotons de choses et d’autres, je suis vraiment épuisée mais je donne le change. Je sens pourtant que mon amoureux n’est pas dans son assiette non plus. Il a l’air stressé, ce n’est pas du tout son genre. Je m’inquiète : « ça va ? » et là il se met à bafouiller. Holà, que se passe-t-il ? Complétement empêtré dans son émotion, mal à l’aise, mon amoureux me sort une magnifique bague et me demande de l’épouser.

Moi, qui me targue de tout voir et deviner les gens, celle-là je ne l’ai pas vu venir. Mais alors … PAS DU TOUT ! Lire la suite

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L’obsession de Victoria (partie 1)

L’obsession de Victoria (partie 1)

« Que l’on fasse un enfant blond ou brun, c’est déjà très joli, quand on en a fait un. »
Alfred de Musset

Janvier 2016, il est 19h, il fait nuit, Victoria est assise dans sa voiture en bas de chez elle. Elle est sous le choc. « Les hommes n’enfantent pas », cette phrase résonne dans sa tête. Comme un uppercut, elle l’a « reçu » de plein fouet. Et comme à chaque fois, une simple phrase devient ce déclencheur nécessaire à sa remise en question.

L’année 2015 venait de se terminer dans l’horreur et le traumatisme collectif. Nous n’oublierons pas les attentats de Janvier et Novembre 2015 à Paris.

Traumatisée, paniquée, elle s’était, pour ma part aussi finie dans la douleur physique et morale, dans la déception, dans la dégringolade. Fin 2015, j’ai perdu pied. Je vous explique.

Mais par où commencer ? Peut-être devrais-je remonter à l’an 2000 ? Ça fait un peu loin non ? Et pourtant finalement c’est peut-être là que j’ai commencé à bloquer sur le sujet. THE sujet !

Je vous entends me poser la question : lequel ?? Le seul, l’unique, mon obsession depuis 15 ans, j’ai nommé : AVOIR UN BÉBÉ !

« Mais tu ne nous as pas dit quelque part que tu avais une fille ? » Oui et alors ? Je n’ai pas dit qu’elle était arrivée d’un coup de baguette magique !

Bon alors, attention je vous préviens, nous allons rentrer dans une phase un peu sarcastique, voire amère. Je le suis toujours lorsque j’aborde les sujets du désir de grossesse et de la maternité et je me l’accorde : c’est totalement légitime.

Donc je disais, 2000, j’ai 25 ans, jeune mariée. En toute logique j’espère avoir un bébé bientôt. Je vous ferai grâce dans cet article de toute la période de mariage, dépression, divorce etc. Nous verrons ça plus tard. Pour l’instant nous notons que ce désir de grossesse commence « naturellement » en 2000.

Très rapidement le bébé ne venant pas, débute la course contre la montre pour avoir un bébé avant 30 ans. C’est écrit quelque part ? Je n’en sais rien, je ne l’ai lu nulle part, mais en revanche c’est inscrit dans mes tripes. A priori, il semble qu’il faille faire vite.

Avec un divorce à 30 ans, autant vous dire que j’ai perdu la course. En revanche, poule aux œufs d’or que je suis, les médecins m’ont vu arriver avec mes névroses et m’ont écouté dans mes délires. Résultats : échographie, prises de sang, hystérographie, hystéroscopie, la totale. Je commence la parcours de la procréation médicale assistée (PMA). Romantique non?

Je déteste les gynécologues mais alors là c’est le pompon et pour une femme reconnaissons-le (je vous raconterai à l’occasion aussi ma relation avec les hommes) c’est quand même pas glamour voire même humiliant.

Va pour les hormones, les traitements, les stimulations et tout le tintouin. Et cette mascarade dure 3 ans. Rien, nada, nothing, oualou même pas une mini fausse couche. Ne jetons la pierre à personne mais si à ça vous rajoutez une vie de couple moyenne, les ingrédients n’étaient pas là pour donner la vie.

Je vous rappelle qu’en parallèle j’avais débuté ma thérapie. Si j’avais répondu à la psy que « je voulais divorcer mais que je ne savais pas comment faire », n’oublions pas qu’au départ je voulais comprendre. Et dans les choses à élucider, il y avait peut-être déjà un « pourquoi je ne tombe pas enceinte  naturellement ? ».

Les séances avec Mme ROCAT s’enchainent, les verrous se débloquent, les émotions débordent. La dépression s’installe mais Victoria n’abandonne jamais. Elle accepte de suivre le traitement prescrit par son médecin de famille, fait le silence dans sa tête et prend les décisions qui s’imposent. Elle choisit sa vie.

Je continue ?

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Quand débute la thérapie

Quand débute la thérapie

« La seule raison d’être de la douleur, c’est de secouer votre sommeil. Quand l’intelligence consciente s’éveille, s’en est fini de souffrir » Osho Rajneesh

Victoria est assise au milieu de ce jardin magique aux couleurs chatoyantes.
Quel merveilleux endroit!Des orangers, des bougainvilliers et un silence apaisant interrompu par le gazouillis des oiseaux. Elle observe, elle absorbe cette douceur et laisse ses souvenirs affluer.

Décembre 2003, je rentre dans le cabinet du Dr ROCAT. C’est une femme. Elle est psychiatre. J’ai trouvé ses coordonnées dans les pages jaunes.
Je suis mal, pleine de questions, malheureuse. Je suis coincée dans ma vie, prise au piège mais que faire?
J entends, je devine les autres et les amène a me parler. Puis je les écoute, je les console, je les conseille. Ces moments me permettent de faire le silence dans ma tête, dans mon cœur, de me sentir moins seule parfois, souvent plus utile.

Je suis mariée depuis 3 ans. J ai trouvé une place de choix au sein d une grande famille. Je me reconnais dans ce modèle. Je suis avec un homme qui a le même style physique que mon père et la même culture que ma mère. Il est un bon compromis entre les deux.
Il est, à l’époque, selon moi, le style d’homme qu’aurait dû épouser ma mère.
Vous allez voir, des certitudes comme ça j’en ai des tas.
Je vais donc commencer mon chemin avec le leitmotiv suivant  » si jeunesse savait, si vieillesse pouvait ».

A ce moment là de ma vie, il est temps que je trouve quelqu’un pour m’accompagner, me guider. Au risque de paraître extrêmement prétentieuse je crois que j’avais besoin de quelqu’un qui m’amène à réfléchir comme je le faisais moi-même avec les autres. En effet, personne ne m aidait avec des phrases toutes faites du genre « sois patiente »,  » c’est ça la vie », « les hommes sont tous comme ça » ou encore  » arrête d’y penser » en parlant de mon désir de grossesse.

Oui parce que j étais mal et les raisons qui me paraissaient évidentes du premier coup d œil étaient:
– ma vie de couple que je qualifierais aujourd’hui sans scrupule de « chiante à mourir » j’avais 28 ans et l’impression d’en avoir 50.
– mon envie de ce bébé qui ne venait pas depuis 3 ans.
Je sentais que mon mal-être était plus profond, j’observais mes collègues, j’écoutais les autres et voyais bien qu’un truc clochait. Je n’étais pas à ma place mais je n’arrivais pas à le formuler. Je vous ai déjà dit que j’étais une femme sage, je pense que je vous ai dit aussi que je suis « née vieille ». Mais cette sagesse était insuffisante, je n’avais pas assez d’expérience et de recul sur la vie pour mettre des mots sur ce que je ressentais, pour comprendre mon sentiment de vide. Je cherchais des réponses dans l’astrologie, la numérologie, la voyance. Parce que dans l’obscurité, qu’importe le chemin, il était l’opportunité d’une lumière.

Mais finalement j’ai choisi d’essayer de comprendre et j’ai pris rendez vous avec cette femme. Me voilà donc dans le cabinet du Docteur ROCAT. J ai pris mon courage (encore celui-là), à deux mains et j’arrive à l’heure. C’est la moindre des choses me direz-vous 🙂
Paris, immeuble haussmannien, je rentre dans cet appartement qui accueille deux médecins. C’est vieillot, j’imagine bien des personnes âgées déambuler de pièce en pièce. De vieilles femmes à la mise en pli parfaite, aux cheveux violines pourraient y vivre. Le Docteur ROCAT doit être ce type de femme.

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La voix de la sagesse

La voix de la sagesse

« La sagesse, qui ne mène pas au bonheur, est une folie mélancolique sans marotte ni grelots. »
Citation de Edward Young ; Les nuits (1742)

« Victoria est une fille sage, elle ne sait pas faire autrement. »

Alors ça, pour être sage, je suis sage il n’y a pas de doute! Mais que veut dire « être sage »?

« Est sage, celui qui se comporte avec calme, docilité  » mais c’est aussi « celui qui est prudent, réfléchi, qui est conforme à la mesure, au bon sens » selon le Larousse.

C’est tout moi ça et c’est une étiquette qui me colle à la peau. « Victoria est très sage, on ne l’entend pas » pour les parents, la famille, les adultes en bref. En revanche pour les copains et les copines, « Victoria a toujours les mots justes, elle est de bon conseil. »

C’est ainsi qu’à 15 ans mon surnom était « la voix de la sagesse » quand d’autres sont « Ptite puce », « Beauté », « Bambino » ou simplement « Mich » pour Michel, « Manu » pour Emmanuel etc

Pas glamour le surnom! Adolescente vous avez plutôt envie d’être identifiée pour vos beaux yeux, votre look, votre humour mais pas votre bon sens. Dont tout le monde se contrefout à cet âge-là. Ben oui ça ne sert à rien d’avoir les bons mots. Vous l’aurez compris, je n’étais pas parmi les stars du lycée.

En revanche, j’étais celle à qui l’on venait raconter tous ses secrets. J’étais l’oreille attentive de toutes mes copines et j’aimais ça. Ces mêmes copines, qui, un jour, assises dans ma chambre me collèrent l’étiquette de la « voix de la sagesse ». J’avais une raison d’être et me sentais utile.

Mais qu’est-ce que j’allais bien pouvoir faire de ce surnom ? Ce dernier vous donne une existence dans un contexte précis, au cœur de votre entourage.

Lorsque j’arrive à Paris et que je débute ma vie d’étudiante. Je suis seule, je ne connais personne. Je suis là avec mes clichés sur les français, les parisiens qui plus est. Tous ces gens sont potentiellement un danger pour moi. On va me voler, m’agresser, se moquer de moi, essayer de me piéger.

Oui je vous l’ai déjà dit j’ai été couvée, protégée et conditionnée. Conditionnée à quoi me direz-vous ? Eh bien je suis une fille, donc une petite chose fragile, je suis une proie. Une proie pour tous ces prédateurs que sont les hommes « qui ne pensent qu’à une chose ». Il faut se méfier de tout et de tout le monde. Imaginez la terreur dans laquelle je vis. En me relisant, je me dis que j’étais quand même mal barrée.

A ça rajoutons que je ne sais pas très bien quelles sont les raisons pour lesquelles on pourrait m’aimer. Je ne suis pas jolie, je ne suis pas rigolote, je ne suis pas brillante. Comment vais-je faire pour me faire de nouveaux ami(e)s ? Comment vont-ils savoir que je peux les aider ? Comment vont-ils se rendre compte que je suis douée pour les écouter, les comprendre, les conseiller ?

Un mois que je suis en cours, j’ai une copine forte en gueule derrière qui je me cache. Assez pratique, je passe toutefois pour le petit « toutou » de Mme « je bois des bières à 9h du matin ». Oui vous lisez bien, une autre dimension pour moi qui ne buvait même pas de café. Lorsqu’on allait au bar du coin à la sortie des cours, elle prenait un café et…une bière et moi, un chocolat chaud….J’avais toujours le droit à une réflexion bien moqueuse.

Un soir, un camarade de classe m’appelle à mon domicile (j’habitais chez une famille) et me propose d’aller boire un verre avec un autre copain de notre promotion. Sympa non ? Ma réponse fut : « pourquoi moi ? » Non mais franchement, il faut être complétement à la ramasse pour réagir comme ça. Mais comme d’habitude, je prenais mon courage à deux mains, écoutais mon instinct et y allais.

Ô miracle je passais une excellente soirée.

L’objectif de ce blog n’étant pas de vous raconter ma vie en détail, je ne vous décrirai pas en long et en large mes années école de commerce. Retenons toutefois les expressions et les idées clés de cet article : la voix de la sagesse, la peur, la méfiance, le courage. Ils sont cachés sous mon mal être, ils grondent et me mènent vers ma quête.

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De Casablanca à Paris

De Casablanca à Paris

« Tous les hommes pensent que le bonheur se trouve au sommet de la montagne alors qu’il réside dans la façon de la gravir. » Confucius

Victoria, 14 ans, discute de ses projets de vie. Elle veut devenir psychologue. Comprendre les autres et les aider à se sentir mieux.

Mais au cours d’une discussion avec une voisine, celle-ci m’explique que c’est un métier difficile. Difficile car peu de travail à la clé mais surtout parce que devenir psychologue implique de faire une thérapie. Et alors me direz-vous ? En effet aujourd’hui je me dis « et alors » ?!?

Mais autant vous dire qu’à 14 ans lorsque cette gentille dame m’expliqua que sa sœur avait dû abandonner ses études à cause d’une dépression, je me suis dit « bon ce n’est pas pour moi ».

Pas très passionnée la Victoria finalement me direz-vous. Peut-être…

Je continuerai à écouter mes ami(e)s, les aider, les soutenir. Inutile d’avoir un diplôme pour ça.

Finalement c’est le commerce international qui trouva grâce à mes yeux. J’étais en filière littéraire et langues, A2 à l’époque. (Ben oui je vous ai dit que j’avais plus de 40 ans !!) Assez logiquement je me suis dirigée vers le commerce international pour continuer à travailler les langues et faire comme papa. Nous verrons plus tard que c’est un mauvais raisonnement pour choisir son orientation scolaire.

Mais quand un sujet vous passionne, il finit toujours par vous rattraper.

18 ans, Victoria passe son bac et s’installe à Paris pour entamer des études en école de commerce.

Vous ai-je dit que je suis née au Maroc, à Casablanca plus exactement ? Vous ai-je dit que le bac en poche, mes parents m’envoyèrent à Paris pour faire mes études supérieures ?

Oui en 1993, on quittait le Maroc après le bac. C’était comme ça.

Tremblement de terre dans ma vie de petite fille à papa et maman, surprotégée qui ne savait même pas aller à l’épicerie du coin toute seule.

Choc thermique, choc de culture, je suis au bord du ravin alors que j’étais dans ma « cabane au fond du jardin ». Le métro vs le chauffeur, 1h15 de trajet seule dans les transports parisiens vs 10 min de voiture avec les voisins et mon frère.J’ai laissé mes ami(e)s, mes parents, mes frères et soeurs, mon quotidien. Je ne connais personne.Bref c’est la jungle, c’est l’horreur, je suis tétanisée, je suis déracinée violemment.

Mon point de repère dans cette folie citadine : mes cousines, ma grand-mère, mes tantes….les femmes de ma famille. (J’ai tant de choses à écrire sur les femmes, on se demande pourquoi)

Rentrer à la maison pour être la grande sœur de ma cousine Leslie, l’écouter, la conseiller, la protéger, rigoler et chanter.

Voilà ce que sait faire Victoria : écouter, conseiller, protéger, guider. Voilà ce qu’elle veut être mais elle ne le sait pas encore.

La vie continue. Petit copain, école, vie parisienne. Je suis une fille sage, je ne sais pas faire autrement. Pas de folie, de dérapage, c’est dangereux. Toujours garder le contrôle. Je ne suis pas sûre de me faire à cette vie parisienne mais je n’ai pas le choix alors j’avance et je serre les dents.

Je n’ai pas à me plaindre. Étudiante à Paris, mes parents me paient mes études, je suis avec de la famille. J’ai même un petit ami (mon premier grand amour), fou amoureux , en colère certes, mais sympathique. J’observe sa vie de famille de l’intérieur, sa maman, son papa, sa sœur. Ce n’est pas simple. Les non-dits sont partout et la colère est là, je l’entends en sourdine.

Je ne suis pas à ma place mais je suis amoureuse du haut de mes 20 ans. J’ai trouvé un protecteur, qui me couve. Je n’ai plus peur.

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La décision d’écrire

La décision d’écrire

Arsène Goyette  « Sur cette terre, il n’est pas un homme qui ne cherche le bonheur. C’est un besoin nature. »

M.Wordpress me conseille de me présenter….Ce serait un bon début en effet ! Mais par où vais-je commencer ?

Ah ! je sais ! Et si je vous expliquais comment j’en suis arrivé à décider de créer ce blog ? Oui, oui vous lisez bien « décider de créer » et non « créer ». En effet je ne me suis pas levée un matin en me disant que j’allais écrire les aventures de Victoria.

En réalité, tout a commencé par un 15/20 ! Enfin pas vraiment. Disons que l’élément déclencheur fut ce fameux 15. Très scolaire comme démarche mais finalement c’est peut-être ce qui me définira le plus lorsque vous aurez fini de lire toutes mes aventures.

Alors revenons à nos moutons. Ce 15/20 est la note que j’ai obtenu à mon mémoire de Master 2 en Management des Entreprises de l’IAE/La Sorbonne Paris. Ça claque non ? héhéhé ! Vous savez ce qui claque le plus ? C’est que je suis née depuis plus de 40 ans, mariée, maman d’une jolie princesse de 7 ans et que je dirige un département commercial de 14 personnes. Donc mener de front tout ceci a été une grande victoire.

Ce « 15 » représente tellement de choses pour moi. Il est le résultat d’un travail douloureux pour « accoucher » d’un mémoire d’activité. Rédiger 80 pages vous oblige à construire, structurer, analyser, illustrer. Sans rentrer dans tous les détails de cette démarche, ce fut difficile mais les résultats sont là. Au-delà de la note, je me suis reconnectée à l’écriture, passion de mon enfance, et j’ai gagné en confiance en moi sur de nombreux sujets.

Toutefois soyons clairs, cette note est insuffisante pour donner un thème à mon blog. En réalité derrière cette merveilleuse note qui me porte sur un nuage depuis plusieurs jours (oui je m’emballe, et alors j’ai le droit non ?), il y a un sujet et une problématique.

« Comment la conduite du changement favorise-t-elle la performance et le bien-être des collaborateurs : cas d’un écosystème à forte coopétition ». Je vous rassure l’idée n’est pas de vous résumer mon mémoire (encore que, ça viendra peut-être  J)

Retenez plutôt le mot bien être. Il est le fil conducteur de toutes mes réflexions, de toutes mes analyses. Il est le sujet sur lequel j’ai envie d’écrire parce qu’en me retournant sur ma vie, il est ma quête depuis toujours. Il est: la quête de Victoria.

 

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