Quand la voix de la liberté affronte la voix de la sagesse

« Je ne connais qu’une liberté et c’est la liberté de l’esprit »

Antoine de Saint-Exupéry

Victoria réfléchit à son projet de vie. Jeune maman, elle veut rester une femme moderne et être un exemple pour sa fille. Son projet : Etre heureuse. Elle vient de rencontrer un chasseur de tête qui sans le savoir vient de lui « sauver la vie ». En quelques mots, il a ouvert une fenêtre et fait entrer une grande bouffée d’air frais dans cette atmosphère étouffante où elle s’est installée.

Je ressortais donc de ce rendez-vous, galvanisée et paniquée. Les deux en même temps ? Oui c’est possible !

Galvanisée parce que Monsieur Grand me confortait dans l’idée que je n’étais plus à ma place. Il  reconnaissait mon mal-être. Il venait de m’autoriser, en tant qu’expert du recrutement et avec son œil extérieur, à exprimer mon désarroi professionnel. Je ne faisais pas un caprice !

Paniquée parce que je ne savais pas quoi faire de toutes ces informations et de toutes ces qualités et compétences que j’avais en moi, selon lui.

A ce moment-là de ma vie, j’étais parfois dépitée, souvent en colère, vivant dans un sentiment d’injustice profond. Mes croyances reprenaient le dessus. J’avais l’impression, consciente ou inconsciente, à tort ou à raison, que l’on profitait de ma faiblesse de femme. Encore une fois, les hommes avaient le pouvoir.

Et c’était un homme, Monsieur C. qui avait profité de mon absence pour se mettre dans la lumière et remettre en question mon travail. Il y avait beaucoup de non-dit avec ce gars. Pourtant il avait réussi à me placer : « ce n’est pas comme ça que l’on manage les gens »….

Le souffle coupé, la jeunesse, la timidité, la politesse m’avaient empêché d’exprimer ce que je pensais. Tellement agacée, je risquais de l’agresser. Le meilleur moyen de ne pas se faire entendre est encore de s’énerver.

Par ailleurs, ce que je pensais n’aurait pas été très constructif. Il ne m’inspirait aucune admiration, je ne comprenais pas son fonctionnement. Et désormais mes émotions avaient pris le dessus, je le jugeais. Il avait réussi à me déstabiliser, me décourager. Bref c’était la fin et inutile de vous dire que ça ne risquait pas de finir en happy end.

Il fallait que je me reprenne en mains et me recentre sur moi. Je n’allais pas m’apitoyer sur mon sort pendant des semaines. Nous n’étions pas d’accord, certes. Nous ne voyons pas le management de la même manière. Deux options s’offraient donc à moi :

  • Soit j’acceptais et m’adaptais
  • Soit je partais

Mais voilà, même si j’adore râler, c’est fatigant pour soi et pour les autres. Oui, perso quand je « chouine » ça peut durer des heures, des semaines.

Donc hors de question de gémir sans cesse sur une vie qui ne me convient. Je suis la première à rappeler aux autres : « lorsque l’on n’est pas content, ni heureux on se casse ».

Je l’avais fait par le passé dans ma vie de couple. Ce n’est pas simple, mais « lorsqu’une porte se ferme, une autre s’ouvre ». Et je m’accrocherai à cette croyance, à ma croyance.

Donc si je résume la situation, nous sommes en mai 2010, j’ai 34 ans et :

  • Je suis en colère contre mon boss
  • Je suis déstabilisée
  • Je manque de confiance en moi
  • Je ne veux plus travailler dans cette entreprise
  • Je suis tiraillée entre ma bonne conscience et ma liberté.

Oui, la voix de la sagesse affronte avec force la voix de la liberté. Je dois vous avouer que cette dernière est souvent là quand je perds pied. Comme un klaxon de camion dans une nuit silencieuse, elle me rappelle à l’ordre dès que j’oublie.  J’oublie quoi ? Ben je m’oublie, j’oublie que ma liberté de penser, d’être, est ma richesse. J’ai toujours été hyper vigilante sur mon indépendance. Ne jamais dépendre de l’autre. Ne rien lâcher, ne pas lâcher prise, ne pas prendre le risque de se retrouver seule, abandonnée, sans boulot, sans un sou. Ne jamais s’appuyer sur qui que ce soit puisque je ne peux compter que sur moi.

Surprenant donc de dire « si tu n’es pas contente, tu te casses ». En effet c’est se mettre en situation inconfortable. Oui, mais (parce qu’il y a un toujours un mais) c’est là qu’il faut aller chercher dans ses ressources les plus profondes et se souvenir que l’important est ailleurs.

Qui est notre premier bourreau ? Soi-même. Il porte un nom : l’ego.

Nous faisons, nous pensons, en fonction des autres. Oui oui, bien sûr mais nous faisons aussi par rapport à nous même.

Dans la situation actuelle, j’étais Directrice d’une école, ça claque non ? C’était un risque de tout quitter. Recommencer à zéro, être une inconnue dans la brousse. Je vous avoue que ces problématiques ne sont pas restées longtemps dans ma tête. Moi je voulais juste être heureuse et m’amuser.

OK, j’avais une enfant maintenant je ne pouvais pas être totalement irresponsable. Mais il était aussi hors de question que je donne à ma fille le modèle d’une femme malheureuse enfermée dans une vie qui ne lui convenait pas.

Alex me rassurait en acceptant toutes mes idées farfelues. Il ne la menait certainement pas large en écoutant mes folies mais c’est un homme zen. Heureusement pour nous deux d’ailleurs. Tel un roc, il me soutenait :

  • ok pour un 2eme bébé
  • Ok pour créer une entreprise
  • Ok pour démissionner
  • Ok pour me faire licencier
  • Ok pour investir dans une franchise
  • Ok pour rester à la maison m’occuper d’Emma
  • Ok pour chercher un nouveau job

 

Mon mari est un homme sage ! Il a vite compris qu’il vaut mieux me laisser parler, laisser mes idées fuser dans tous les sens. Comme les pièces d’un puzzle que l’on jette sur la table avant de commencer, petit à petit l’image apparaît. Comme un parent qui accompagne son enfant, il me fait confiance. Croyez-moi, il est courageux parce que parfois je suis un peu perchée J

Revenons à notre sujet. Après mon entrevue avec M. Grand, j’avais repris « du poil de la bête ». Mon côté obscure s’éteignait et je positivais. Après tout je devais croire en ma bonne étoile. Ce poste serait peut-être pour moi. Le cas contraire, je savais que je devais partir et j’allais faire ce qu’il fallait.

Et là, mon chasseur de tête préféré (c’est le seul que je connaissais) reprit contact avec moi pour m’annoncer que les patrons de cette école d’ingénieurs souhaitaient me rencontrer.

J’avais hâte, je m’étais renseigné sur leur compte. Ben oui quoi, ce n’est pas que dans un sens. Des gens brillants, passionnants, passionnés et créatifs. Ok ils avaient des défauts et notamment le management n’était pas leur point fort. Mais quelle importance les amis, personne n’est parfait et ça sentait la belle aventure.

Toutefois pas d’emballement, je faisais avant toute chose confiance à mon instinct. Je me ferais mon avis dès que je les verrais. Parce  que  « je ne crois que ce que je vois de mes yeux et ce que j’entends de mes oreilles »

Il me faudrait 30 secondes pour savoir si j’avais envie de bosser avec eux.  J’allais écouter mon cœur parce que c’est ce que je sais faire de mieux.

La suite au prochain épisode J

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3 réflexions sur “ Quand la voix de la liberté affronte la voix de la sagesse ”

  • 6 avril 2017 à 8 h 09 min
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    Perchée,Vous Victoria ?non mais?.votre lucidité, votre force de caractère font de vous une femme que l’on ne peut qu’admirer. Suite,suite, vite svp

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  • 19 avril 2017 à 14 h 43 min
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    Parfois il faut savoir prendre des décisions difficiles pour une meilleure vie! Bravo d’avoir franchi ce cap – hâte de lire la suite aussi.

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