La « rentrée » de maman (part 2)

« Il n’y a rien de mieux que de retourner dans un endroit qui est resté inchangé pour comprendre à quel point vous avez changé. » Nelson Mandela

6 mois….C’est à la fois très court et très long. 6 mois d’absence depuis que mon médecin m’a arrêté. Loin de mon métier, loin de mes collaborateurs, loin de mes responsabilités et loin de mes responsables, j’ai changé profondément.

Une chose est certaine, tout ceci n’a plus d’intérêt. J’ai toujours aimé mon job et pourtant aujourd’hui je ne veux pas y retourner. Je veux rester chez moi. Je ne veux pas laisser ma fille.

Mais je ne veux pas non plus perdre mon statut de femme indépendante qui a une carrière. Je suis tiraillée. Etre mère, être femme, être tout à la fois pour être, une fois encore, la femme parfaite.

Pas « la conasse » hein ! L’autre J

Je dois impérativement organiser ma vie et reprendre mes marques.

Il y a donc d’un côté mon  nouveau rôle de maman et puis de l’autre mon métier de directrice d’école. Je précise, école de commerce (une petite structure)  parce que directrice d’école de « marmots » très peu pour moi. J’avoue, je ne suis pas (ou plutôt devrais-je dire « je n’étais pas ») très patiente avec les enfants. Du coup si je suis arrivée par hasard à travailler dans l’enseignement supérieur, ce n’est pas un hasard que je ne sois pas institutrice. Je suis extrêmement admirative de cette profession. Il faut être très motivé J

Reposons donc le contexte, j’avais repris la direction de cet établissement en 2006, dans le cadre d’un rachat. J’avais carte blanche pour piloter, les patrons étant en province. J’avais donc tout à repenser, tout à faire avec une équipe en poste depuis des années et des méthodes de travail qui n’étaient pas les miennes. Ils avaient « grandi » dans un management familial et tyrannique. Et moi je débarquais là-dedans du haut de mes 30 ans, avec mes « petites » 8 années d’expérience.

Motivée, passionnée et à la fois inquiète mais heureuse de relever ce challenge je me suis attelée à ma tâche avec envie et naïveté. Et comme à chaque fois que je fais quelque chose, telle la première de la classe, (vous savez ? La fameuse ?) Je me suis donnée à fond. Toujours disponible, pour tout le monde. Enseignants, étudiants, équipe, j’étais présente de 7h30 à 20h. Je ne pouvais pas demander à mes collaborateurs d’ouvrir les locaux le matin et ne pas être présente avec eux. Je ne pouvais pas leur demander de travailler le week end sur des salons et ne pas m’impliquer avec eux. J’exigeais d’eux le sourire et la disponibilité pour nos étudiants. Je n’avais donc pas le droit de ne pas être à la hauteur de mes exigences. Je devais être un modèle, un exemple si je voulais qu’ils me suivent ! Et ils me suivaient….

Résultat,  quand je me suis retrouvée arrêtée du jour au lendemain parce que ma poupée voulait sortir, j’ai eu l’impression d’abandonner tout le monde. Equipe, étudiants, professeurs, parents, qu’allaient ils devenir sans moi ?

Quel égo me direz-vous ! C’est en effet une manière de voir ! La réalité est toute autre : j’ai tendance à me sentir souvent responsable de l’univers ! Quel poids sur les épaules ? Vous imaginez ? Avec le recul, je me dis, parfois, que mon fonctionnement est démesuré. Je m’épuise toute seule J

Vous imaginez bien que « nul n’étant indispensable » (première leçon de mon premier patron), tout le monde a survécu à mon absence.

Pour ma part, ma culpabilité (liée au travail) a pris le large dès que je fus hospitalisée. Et une fois ma fille dans les bras, tout ceci n’avait plus aucune importance.

Mais, voilà, il faut y retourner, le quotidien doit reprendre ses droits. Je suis donc de retour au travail! Laisser ma fille chaque matin me brise le cœur mais Ô bonheur, la retrouver le soir me remplit d’une joie indéfinissable.

Je m’attelle donc à ce nouveau challenge. Oui parce qu’il s’agit d’un nouveau défi ! A celui de Manager, de femme mariée, de fille de mes parents, de sœur de mes frères et sœur, de nièce et cousine aînée etc…je rajoute le rôle de MAMAN.

 Yes I can !! Je vais être une superwoman avec mon cœur à la maison et ma tête au travail.

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