Bizarre? Vous avez dit bizarre? 

“Accompagner quelqu’un, c’est se placer ni devant, ni derrière, ni à la place. C’est être à côté.” 

Joseph Templier 

Novembre 2011, Victoria et Alex s’envolent pour leur voyage de noces. Deux ans après leur mariage, enfin, ils prennent le temps. Deux années bien remplies, certes. En 2009, ils se sont mariés puis une jolie Emma est arrivée en grandes pompes dans leur vie. Avec deux mois d’avance, elle a appuyé sur le bouton « couvade fusionnelle prolongée ». Papa et Maman sont donc, depuis, totalement en mode surprotecteurs. Enfin…, surtout Maman. Alex a changé d’entreprise en février 2010 quand Victoria a commencé un nouveau job en septembre 2010. Bref … du changement, du changement et encore du changement. De quoi être bien occupés.

Nous sommes dans l’avion et bizarrement je suis sereine. Pourquoi bizarrement?

Tout d’abord parce qu’à cette époque lorsque je suis sereine c’est suffisamment surprenant pour que ça me paraisse extrêmement bizarre. Vous ne l’avez pas oublié? je suis une névrosée (rires 😂😂) Comme tout le monde me direz-vous n’est-ce pas?

Bref ce n’était pas gagné en montant dans l’avion. Deux jours avant j’étais encore totalement tétanisée à l’idée de laisser mon bébé de deux ans. De prendre l’avion et partir à des milliers de kilomètres tout simplement pour me « la kiffer » avec mon mari. Quelle honte n’est-ce pas ? Oser s’éloigner de sa progéniture juste pour se détendre et profiter? « Sin verguenza! » aurait dit ma grand-mère. Traduction: « sans honte » en espagnol

À cette époque j’avais aussi très mal au dos et de fortes migraines. Et j’avais pris rendez-vous avec un ostéopathe près de chez moi pour ne pas être en vrac en vacances. Il m’avait été conseillé par ma voisine de palier qui m’avait dit  » il est un peu perché, ce n’est pas un ostéopathe tradi mais ça fonctionne ».

Autant vous dire que la flemme l’a emporté sur tout le reste, j’ai donc pris rendez-vous avec M. V parce que c’était hyper pratique. Il était à 200m de chez moi.

La première séance eu lieu 3 semaines avant le départ. Ok il ne m’avait quasiment pas manipulé, il avait utilisé des espèces de lentilles de couleurs qu’il m’avait posés dans le dos. Mais rien d’alarmant. Enfin pas selon mes critères, que l’on soit bien clair.

Et ça semblait marcher car je sortais de la séance complètement HS et le lendemain plus mal au dos.

La seconde eu lieu 5 jours avant le départ pour notre premier voyage en amoureux depuis la naissance d’Emma. J’étais très angoissée, triste, j’avais mal partout et ne me l’expliquais pas. Je ne faisais pas le lien avec notre voyage ou du moins étais-je empêtrée dans mes émotions sans le savoir.

Je pourrais m’arrêter là mais il faut que je vous raconte cette séance d’un autre monde. Ce fut ma première rencontre avec ce que moi j’appelle un « énergéticien ». (Quelques années auparavant j’avais vu in ostheo, « un vrai qui fait craquer », qui m’avait dit  » un jour ce serait intéressant que vous voyez un énergéticien. Le fonctionnement peut paraître un peu étrange mais vous avez de très gros blocages et ce type de technique devrait vous faire du bien »)

A priori M. V devait être ce type de technicien parce que dans le genre étrange, ce jour-là, j’avais gagné le gros lot. Heureusement que je suis hyper « open » sur ces sujets sinon je me sauvais en courant.

Je vous raconte?

Ok ok j’arrive.
Je patiente donc dans la salle d’attente, un vendredi soir. Dans 2h j’ai du monde à dîner. Alex s’occupe de tout mais tout de même je ne veux pas traîner. Je suis donc un peu stressée, pour changer.

Je vais avoir du mal à vous raconter les détails car ces séances-là sont difficiles à décrire.

Toutefois après le point de début de séance : où ai-je mal, comment je me sens etc. Je m’installe, sur le ventre, sur la table. Petite manipulation rapide et il me demande de me mettre sur le dos. Toujours sur le qui-vive en général, dans ce cas-là je préfère garder les yeux fermés. Il bouge autour de moi, il me touche à peine. Tout va bien. Puis tout d’un coup plus rien. Je l’entends dans la pièce, je sens qu’il n’est pas loin mais….

Je me risque à ouvrir un œil, il vaut mieux vérifier quand même. Je ne suis pas totalement inconsciente et demeurée. Je vous le rappelle, je me méfie de tout à la base. J’avoue, j’aurais mieux fait de le garder fermé car en l’ouvrant j’ai failli exploser de rire. Ça aurait fait désordre je vous l’accorde. Mais franchement, imaginez, j’ouvre un œil (véridique, un seul) et là, je le vois debout à un mètre de moi les mains sur la taille et les yeux fermés avec un air très inspiré. Ce mec est une blague? À distance, en respirant, il compte me remettre le dos en état et supprimer mes migraines???

Vite je referme l’œil!!!

Mais voilà tout à coup je suis submergée par une forte émotion et je me mets à sangloter! C’est quoi ce bazar!! Que se passe-t-il! Je n’ai rien vu venir.

Ah! Enfin! Il me parle! « Que voyez-vous?  »

Ce monsieur se moquerait-il de moi? Bon allez je joue le jeu et Ô surprise : je suis à l’hôpital avec ma fille! Je revis sa naissance la période de prématurité les Allers et retours dans sa chambre!!!

Quelle séance les amis!! J’ai pleuré comme si on avait ouvert un barrage au milieu d’un fleuve. Pourtant je suis une pleureuse née pas besoin d’une séance de quoi que ce soit. Les larmes sont mon exutoire. Certains crient, d’autres frappent, font du sport ou que sais-je encore. Moi, je pleure.

Mais là, c’était différent. C’était violent, je décrivais ce que je voyais, je libérais mon cœur et mon cerveau de ces images sans fin. Sans le savoir, j’étais restée avec ma fille dans cet hôpital depuis deux ans. Mon cerveau ou mon corps revivait ces instants en boucle.

Ce soir-là je suis rentrée chez moi le cœur léger, épuisée. Cet homme m’avait libéré d’une prison dont j’ignorais l’existence.

L’arrivée d’Emma avait été un raz de marée, j’avais pris les choses en mains pour éviter de lui transmettre mes angoisses. J’avais changé de boulot parce que je n’y étais pas heureuse. J’avais avancé mais j’avais oublié de m’appliquer ce que je dis souvent aux autres: « écoute ton corps, il a des choses à te dire. Ce que tu ne gères pas, te rattrapera toujours. »

A ma décharge, c’était bien plus complexe que d’exprimer mes émotions avec des mots. Ça je savais, je sais faire et c’est indispensable. C’est un premier verrou.

Le deuxième verrou nous l’avons déjà évoqué: les larmes.

Je venais d’en découvrir un 3ème avec un accompagnant. Des techniques qui m’échappaient et ne s’expliquaient pas, parce qu’elles faisaient appel à l’énergie, à notre cerveau, à la mémoire du corps et de nos cellules.

J’avais découvert un nouveau chemin à explorer: une nouvelle approche dans ma quête du bien-être.